Les albums s’enchainent et, à force, une mécanique commence à s’imposer et à être connue.
Sokal s’empare d’une figure sociale valorisée par la société (soldats, grands reporters, cliniciens, riches industriels, starlettes de cinéma, résistants…) et il se plait à déconstruire le mythe ; à gratter le verni ; pour les rabaisser au niveau d’une plèbe qui au fond ne vaut pas mieux.
En découle une vision pathétique de l’humanité, comme un triste zoo d’animaux grégaires.
Un décor désabusé dans lequel Canardo aime errer sans effort, ni valeur, ni but.
Du bon vieux cynisme comme il se doit.


Ce coup-ci, ça tombe sur les critiques gastronomiques, les amateurs de bon vin… Et au final rien de neuf.
La satire (une fois de plus) est facile.
L’intrigue sans réelle surprise.
Mais après tout, ce n’est pas ça qui compte.
Ce qui compte, c’est le cynisme…


Sauf que là, au vu de la manière dont se construit cette intrigue (et ce monde depuis quelques tomes), on est plus dans le cynisme.
Je trouve qu’on est dans une certaine forme de pessimisme un peu paresseux.
Et je ne dis pas que c’est paresseux parce que ça se répète comme mécanique (quoi que), je dis que c’est paresseux parce que ça ne fait même plus l’effort de s’émouvoir de cette beauté qui s’efforce de survivre dans ce monde nihiliste.


Personnellement, j’aimais le cynisme des premiers « Canardo » parce qu’il était cruel et dur.
Il y avait de la beauté qui survivait dans les premiers albums : l’amour éconduit du chien debout ; la douce fille virginale de Raspoutine ; le pauvre Freddy qui ne veut faire de mal à personne ; les oiseaux blancs de l’Amerzone face auxquels on ne sait pas rester contemplatifs ; la douce Carmen contrainte de coucher avec l’ennemi pour accomplir ses désirs de révolution…
Et c’était parce que ces beautés innocentes étaient systématiquement bafouées par ce monde cynique qu’une véritable cruauté se mettait en place ; une cruauté que je trouvais pour ma part beaucoup plus forte parce qu’ambigüe.


Là, ce n’est pas le cas.
On a juste affaire à des gens blasés.
Des intrigues plates.
Même si paradoxalement je me suis plus retrouvé dans cet épisode là que dans le précédent. C’est peut-être lié au fait qu’au moins, là, le scénario ne cherchait pas à se tourner lui-même en ridicule.
Mais bon, après, malgré tout ça, il n’y a pas de quoi casser trois pattes à un canard avec ça…

Créée

le 14 sept. 2018

Critique lue 103 fois

1 j'aime

Critique lue 103 fois

1

D'autres avis sur Le Buveur en col blanc - L'Inspecteur Canardo, tome 13

Du même critique

Tenet
lhomme-grenouille
4

L’histoire de l’homme qui avançait en reculant

Il y a quelques semaines de cela je revoyais « Inception » et j’écrivais ceci : « A bien tout prendre, pour moi, il n’y a qu’un seul vrai problème à cet « Inception » (mais de taille) : c’est la...

le 27 août 2020

236 j'aime

80

Ad Astra
lhomme-grenouille
5

Fade Astra

Et en voilà un de plus. Un auteur supplémentaire qui se risque à explorer l’espace… L’air de rien, en se lançant sur cette voie, James Gray se glisse dans le sillage de grands noms du cinéma tels que...

le 20 sept. 2019

206 j'aime

13

Avatar - La Voie de l'eau
lhomme-grenouille
2

Dans l'océan, personne ne vous entendra bâiller...

Avatar premier du nom c'était il y a treize ans et c'était... passable. On nous l'avait vendu comme l'événement cinématographique, la révolution technique, la renaissance du cinéma en 3D relief, mais...

le 14 déc. 2022

158 j'aime

122