Avec ce dixième tome, intitulé La Marque du Destin, une page se tourne pour les Légendaires. Le Premier Arc prend fin. Le Pamplemousse dit définitivement adieu à une ambiance gentille et bon enfant afin d'adopter un ton plus sinistre et violent. Cette transition entre la première et la seconde partie de la saga est-elle réussie? Par Aube et Crépuscule, oui! Il ne s'agit pas seulement d'une bonne fin pour le Premier Arc, il s'agit avant tout d'un véritable chef-d'oeuvre, une perle dramatique!


Shimy raconte à Danaël et Jadina comment sa soif de pouvoir l'a amenée à posséder la Marque d'Anathos. Danaël se sent complètement perdu, et a alors pour sombre projet de tuer l'Elfe par Razzia et Ténébris, afin qu'Anathos ne puisse pas se réincarner. Il souhaite alors abandonner sa vie de héros et vivre tranquille et heureux auprès de Jadina qu'il a demandé en mariage. S'ensuit alors un terrible combat opposant nos compagnons au plus maléfique de tous les Dieux...


L'histoire n'est pas bien complexe et se centre davantage sur les conflits intérieurs de nos personnages, ce qui ne me déplait aucunement. Ce dixième tome est un déluge d'émotions. Nos personnes souffrent, sont terrifiés, perdus, et on le ressent parfaitement. Des moments de joie surviennent dans l'histoire, mais cela s'accompagne toujours d'un certain malaise, car on sait parfaitement que des choses horribles se préparent pour eux, parfois même dans leur dos.


Il y a de quoi être heureux de voir Shimy et Gryf se dévoiler leurs sentiments... Mais c'est affreux que cela arrive dans un moment pareil, alors qu'Anathos veut se réincarner en Shimy... et que même Danaël tient à la mort de l'Elfe. Je ressens même un sentiment assez désagréable à l'idée que Gryf n'ait jamais été au courant du projet de son meilleur ami, et ait gardé à tout jamais un bon souvenir de son chef.
Nos héros ne paraissent plus aussi alliés qu'avant, alors qu'ils ont besoin de l'être plus que jamais.


Il est intéressant de noter qu'aussi paradoxal que cela puisse paraitre, ce tome est à la fois le tome le plus romantique de la saga (même si les tomes 5, 6 et 16 sont pas mal à ce niveau-là)... et aussi le tome le plus violent. C'est également en cela que La Marque du Destin nous fait passer par de nombreux sentiments différents.


C'est beau de voir Danaël demander Jadina en mariage, de voir Gryf et Shimy s'embrasser, ou voir que Ténébris et Razzia se rabibochent enfin. Chacune de ces trois scènes sont très belles et émouvantes, mais elles sont en même temps très cruelles. On les voit heureux mais on se demande combien de temps cela va durer.


Afin de créer une nette rupture avec l'ambiance des précédents tomes, le Pamplemousse n'y va pas de main morte (oui, supposons que les pamplemousses ont des mains) et nous offre une scène qui aujourd'hui encore dans la série, reste inégalée en violence physique. Cela vient soudainement, on se retrouve face à une situation macabre à laquelle on ne se sent pas forcément préparé, bien que l'ambiance de l'opus s'y prête parfaitement.


Nos compagnons paraissent complètement vulnérables, incapables de faire le moindre geste sans se faire vulgairement découper. Rien de mieux pour faire glacer d'effroi le lecteur que de lui faire apparaitre des héros censés être puissants comme des êtres incapables face à un adversaire... Ce dernier ne peut ainsi sembler plus terrifiant et impossible à neutraliser.


L'histoire possède un très bon avantage à être simple: n'étant pas composée de nombreux rebondissements, elle peut se permettre de longues scènes. Et donc, de longs combats. Si toute la première partie se concentre sur les peurs de nos héros sur le combat à venir, la deuxième se concentre sur le combat en lui-même. Le premier affrontement est superbe: dynamique, violent et parvenant à nous inquiéter sur le sort de nos protagonistes. Le deuxième est très impressionnant, opposant deux puissances incommensurables proposant un très beau spectacle coloré.


La Marque du Destin parvient à nous embrouiller aussi bien que L'Alystory. On se demande toujours qui deviendra la réincarnation d'Anathos. Après que le précédent tome nous ait laissés penser qu'ils pouvait s'agir de Razzia, celui-ci concentre tous nos soupçons sur Shimy... Et au final, on se rend compte que l'on s'ait encore fait avoir, alors que la possibilité que cela puisse être Danaël était sous nos yeux depuis le début. Tout cela est parfaitement bien écrit.


Ce n'est pas la première fois que Danaël se retrouve à ne pas savoir comment contrôler la situation... mais jamais il ne nous aura semblé aussi déboussolé, aussi peu sûr de lui et avec aussi peu de sang-froid. Il se montre pour des raisons compréhensibles extrêmement dur avec Shimy. Le voir se comporter ainsi à son égard provoque beaucoup de tristesse, car dans une telle situation on souhaiterait que les Légendaires se serrent davantage les coudes. Pour toute personne adorant le personnage de Shimy -comme moi, par exemple- le mépris que le meneur blondinet jette sur l'élue d'Anathos peut même provoquer beaucoup de colère. Mais malgré cela, la colère de Danaël est tout à fait justifiée... et cela n'en est que plus dur pour le lecteur, qui voit des amis se déchirer sans voir de solution pour que cela s'arrange. Et on ressent de la pitié pour notre chef qui dans le but de sauver Alysia, ne voit d'autre solution que de procéder à une méthode horrible qui risque de détruire leur groupe à tout jamais. Une solution si terrible, qu'il se met à douter de lui, se demandant si ses décisions sont toujours justes. C'est donc à un Danaël complètement meurtri auquel nous avons affaire, un Danaël bien plus intéressant, complexe et sombre qu'à l'accoutumé.


Du groupe, Jadina reste l'âme bienveillante et optimiste. Elle est celle parvenant le plus à garder le sourire et son calme, et se montre d'une bonne aide avec ses amis afin de leur remonter le moral. Mais même elle finit par craquer dans une telle situation, et pour toute personne connaissant le tempérament constamment joyeux de notre princesse, c'est difficile de voir que même elle ne parvient pas forcément à rester gaie. Jadina devient encore plus attachante en montrant pleinement son affection pour ses amis, nous redonnant espoir pour que le groupe ne se détache pas. La magicienne nous prouve notamment à quel point elle aime Shimy malgré leurs nombreuses disputes, en refusant obstinément le plan crée par Danaël.


Gryf parvient à certains moments à détendre l'atmosphère comme à son habitude et à l'instar de Jadina, il fait en sorte que ses compagnons ne désespèrent pas... mais on le sent très préoccupé à cause de la souffrance intérieure de sa dulcinée. Il se montre sous un jour plus tendre, se montrant très affectueux avec Shimy, veillant sans cesse à ce qu'elle retrouve le sourire et se sentant peiné lorsqu'elle le rejette. Tout cela le rend encore plus attachant, voire même adorable.


Razzia est encore une fois digne d'intérêt. On découvre davantage son passé et on réalise à quel point la vie n'a pas été amicale avec lui. Lui donner une telle histoire rend assez incohérent son comportement de gros bêta naïf des premiers tomes, mais ce n'est pas bien grave. Il ne se montre jamais souriant dans ce tome, ne laissant voir que le côté sombre de son caractère. Il ne parvient plus à alléger la situation comme il le faisait avant, et semble constamment anxieux. Il se révèle même assez implacable, ne semblant pas hésiter dans la lourde mission que lui a confié Danaël, malgré ce que cela implique. Il se montre également intéressant en faisant partager sa peur de basculer dans le mauvais côté, on réalise combien la présence de son ancienne amante lui est difficile. Mais si je devais regretter quelque chose pour le guerrier... ce serait que ce tome ne se centre pas entièrement sur lui. Bien que ce dyptique soit censé porter son attention sur Razzia, toute la lumière est portée sur l'Elfe élémentaire dans La Marque du Destin. En sachant que Razzia me semblait déjà peu mis en avant dans les précédents opus, il est dommage que même lorsque c'est à son tour de briller, on lui pique la vedette.


C'est une Shimy complètement triste, désespérée et perdue que nous retrouvons. Elle qui est d'habitude toujours au taquet et faisant toujours sa fière, celle-ci parait toute chétive, honteuse que tout aille aussi mal par sa faute, et horrifiée à l'idée que ses jours puissent probablement être comptés... ou qu'elle devienne une machine à tuer. Cela peut créer beaucoup de peine chez le lecteur de la voir ainsi perdre son fort tempérament, et montrer sa profonde détresse. On peut toujours lui en vouloir, car rien de tout cela ne serait pas arrivé sans elle, mais c'est assez dur en sachant qu'elle s'en veut déjà énormément.


Il est terrible de voir qu'elle s'en veut tellement qu'Alysia entier soit en danger par sa faute qu'elle accepte de mourir pour sauver le monde, alors même qu'elle venait d'entamer une relation avec Gryf.


Elle qui est d'habitude une vraie armoire à glace laisse ici complètement parler ses émotions de manière déchirante.


Ténébris est encore une fois très intéressante. On réalise enfin qu'elle n'est plus une mauvaise personne et ne veut que le bien des Légendaires, bien qu'elle ne soit pas encore très attachée à eux. Elle est prête à se battre pour une cause juste, même si cela implique de lourds moyens. Même si jusque là elle se contentait de prouver à Razzia qu'elle l'aimait encore, en tenant d'ignorer le mépris qu'il portait pour elle, la fille de Darkhell essaie enfin de conserver son amour-propre en lui faisant comprendre qu'elle mérite une seconde chance tout autant que lui, cherchant enfin à obtenir son respect.


Elysio et Darkhell reviennent pour un ultime affrontement, et sont plus classes et plus puissants que jamais, au point de pouvoir défier un Dieu. Ils se comportent enfin comme des alliés pour les Légendaires et leur présence est ainsi très rassurante. Ils nous livrent un combat très impressionnant nous faisant réaliser leur puissance quasi-divine...


et nous affligeant totalement lorsque malgré tant de puissance, ils périssent dans ce combat, nous donnant l'impression que si même eux ne peuvent vaincre cet ennemi cruel, personne ne le peut.


Anathos est le pire adversaire que les Légendaires auront dû affronter dans leur vie. Un Dieu perverti par une fou désir de vengeance. "Complexe" ou "profond" ne sont clairement pas les termes appropriés pour qualifier Anathos, c'est en fait un ennemi classique aux ambitions basiques. Il ne devrait pas valoir plus que le Darkhell des premiers tomes... mais la différence est qu'Anathos est réellement inquiétant. Il n'apparait pas durant tout le neuvième tome, mais pourtant on ne fait que parler de lui en le décrivant comme une terrible menace. On ressent une certaine pression à cause de cet être maléfique dont les héros ne savent pas grand-chose.


Il apparait enfin dans le dixième tome, même si c'est davantage à la Porteuse qu'à Anathos dont nous avons affaire, et il continue de laisser planer une terrible peur... et lorsqu'on le découvre enfin, il nous terrifie de suite en charcutant sans aucune once de pitié nos héros, et s'éclate d'avoir enfin le plein contrôle sur ses gestes.


On se dit alors que s'il est capable de tant de cruauté, Alysia a véritablement à s'en faire. Un ennemi détestable à souhait, et par conséquent très réussi.


Et pour finir, ce qui rend ce tome si sinistre... c'est qu'il s'agit d'une défaite pour nos héros. Pour la première fois, les Légendaires ont échoué. Ils sont tous dans un piteux état, ont perdu leur chef et Alysia est à présent à la merci du terrifiant Dieu Anathos. On finit le livre avec le sentiment que tous les efforts mis en place par nos compagnons ont été vains... Même si bien entendu, ce n'est que la fin de la première partie d'une grande histoire.


Un tome tout bonnement excellent, qui est probablement celui que j'ai le plus lu. Un des meilleurs. Une histoire tragique, avec des héros toujours très attachants en gagnant en profondeur, des combats impressionnants, des dessins toujours bien travaillés, des dialogues bien écrits, tout bonnement excellent!

ErizuTeriyaki
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le 10 juil. 2016

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ErizuTeriyaki

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