Ce qu’il y a d’étonnant avec" Black Science", c’est que lorsqu’on pense que les personnages ont touché le fond, le sol se dérobe encore sous leurs pieds. Et lorsqu’on croit un havre de repos enfin à portée, il se transforme instantanément en enfer pire que le chaos que nos héros viennent de quitter. Un tome 5 qui offre une démonstration éclatante de cela.


On touche là à la logique narrative profonde de la série imaginée par Rick Remender et Matteo Scalera, en phase complète avec le propos tenu, qui veut que les voyages dans l’Infinivers engendrent des troubles que les tentatives de réparations ne peuvent qu’empirer, selon une mécanique entropique éprouvée. Et alors que Grant semble s’être amendé et cherche à retrouver les membres de sa famille, éparpillés dans différents mondes parallèles, sa première étape, pour "sauver" sa fille Pia, se solde immanquablement par une formidable catastrophe.


Cet épisode, presque caricatural dans sa mise en place et dans son traitement, propose un moment de détente parfois comique où les tensions, entre père et fille, sont appelées à être rapidement levées. Et voilà qui est rondement mené au cours d’une quête merveilleuse ouvertement chevaleresque, à la limite de la parodie, mais qui se solde tout de même par un sacrifice franchement inattendu. La suite est connue puisque s’impose l’impératif d’un nouveau départ, comme s’il s’agissait là, avec ce pays peuplé de divinités, d’une utopie en fin de compte invivable pour nos personnages torturés. Et ils vont être servis par la seconde partie du volume, nettement plus dramatique et toujours aussi surprenante.


Il y a sans doute quelque chose d’un peu masochiste dans la lecture de Black Science. Arrivés au cinquième volume, on peut se désormais se l’avouer : l’accablement qui s’empare de nous à la découverte des nouveaux malheurs qui s’abattent sur les héros participe pleinement au plaisir éprouvé au fil de la lecture. Non pas qu’on jouisse de voir ces personnages maltraités, mais la tension ménagée autour de leurs aventures se révèle savamment ménagée pour nous embarquer dans une sorte de grand huit émotionnel ou alternent sans discontinuer espoir et désespoir, frisson et soulagement. Et finalement, c’est peut-être l’attente du prochain volume qui s’avèrera le plus difficile.


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le 26 mai 2017

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