Ce tome fait suite à La sorcière rouge t01 (épisodes 1 à 5) qu'il faut avoir lu avant. La série se termine dans The final hex (épisode 11 à 14, annuel 1 d'Uncany Avengers). Il contient les épisodes 6 à 10, initialement parus en 2016, tous écrits par James Robinson. À l'instar du premier tome, chaque épisode est dessiné par une artiste différente : Marguerite Sauvage (dessins, encrage et mise en couleurs de l'épisode 6), Annie Wu (dessins et encrage de l'épisode 7, avec une mise en couleurs de Muntsa Vicente), Tula Lotay (dessins, encrage et mise en couleurs de l'épisode 8), Joelle Jones (dessins et encrage de l'épisode 9, avec une mise en couleurs de Rachelle Rosenberg), Kei Golby Zama (dessins et encrage de l'épisode 10, avec une mise en couleurs d'Ian Herring). Toutes les couvertures ont été réalisées par David Aja. Ce tome comprend également une histoire (15 pages) parue dans le numéro spécial Doctor Strange: Last days of magic, écrite par James Robinson, dessinée et encrée par Mike Perkins, avec une mise en couleurs d'Andy Troy.


Épisode 6 - Wanda Maximoff est à Paris pour enquêter sur les conseils d'une autre sorcière. Elle intervient pour interrompre un vol à main armé perpétré par le gang des Apaches Nouveaux. Puis elle discute avec l'inspecteur Marc Joubert qui évoque la disparition du groupe de superhéros français appelé les Héros de Paris. Mais Wanda Maximoff est à la recherche du Faucon Pèlerin (Alain Racine), un autre superhéros français. Elle le retrouve sur un toit de Paris, debout et immobile, ayant perdu sa capacité de vol autonome, et pensant à sa femme Adèle. Épisode 7 - Cette fois-ci, Maximoff est à Hong-Kong pour essayer de mettre un terme aux agissements d'un sorcier appelé Dark Tongi. Elle va requérir l'aide d'August Wu of the Coral Shore, plus simplement appelée Wu, dans le civil une inspectrice de police, appelée Alice Gulliver.


Épisode 8 - Wanda Maximoff est de retour pour un séjour à New York ville qu'elle affectionne. Elle se rend chez le psychiatre Roland Grand pour sa consultation régulière. Elle lui parle de sa mère sa vraie mère Natalya Maximoff, de Herbert Edgar Wyndham (High Evolutionnary). Il pose des questions sur le fantôme d'Agatha Harkness, sur son sentiment de trahison, sur ses enfants Tommy Shepherd (Speed) et Billy Kaplan (Wiccan), sur son ex-mari et la situation de Simon Williams. Wanda Maximoff lui parle de la manière dont tout le monde essaye de la protéger, en la prenant pour une idiote. Épisode 9 - Wanda Maximoff effectue ses exercices de yoga matinaux quand son frère Pietro arrive pour lui demander de prendre parti dans le conflit de Civil War II, pour Tony Stark et contre Carol Danvers. La discussion est houleuse. Épisode 10 - Wanda Maximoff est à Kyoto au Japon pour enquêter sur la mort de maître Aoi (Hiroshi Tanaka), un magicien important.


Le premier tome avait établi le mode narratif de la série. James Robinson raconte des histoires en 1 épisode, avec une trame de fond plus ou moins présente. Cette dernière fait écho aux aventures de Doctor Strange dans DOCTOR STRANGE T01, c’est-à-dire que la magie sur Terre subit de fortes perturbations qui la dégradent. Il n'est pas besoin d'avoir lu cette autre série pour comprendre, mais cela explique que l'intrigue de fond ne semble pas progresser, puisqu'il s'agit en fait de l'intrigue principale de la série Doctor Strange de Jason Aaron, Chris Bachalo et Kevin Nowlan. L'autre particularité de la série Scarlet Witch réside dans le fait que chaque épisode est dessiné par une artiste différente. Avant d'entamer ce deuxième tome, le lecteur a conscience de ces particularités, et du fait que James Robinson s'attache à donner de l'épaisseur à Wanda Maximoff, tout en assurant une connexion avec l'univers partagé Marvel, en explicitant des événements ou des comportements hors de caractère. Il poursuit sa narration à l'ancienne, avec la volonté de privilégier les personnages.


De fait, le premier épisode annonce bien la couleur. Le scénariste commence par une scène d'action pour remplir le quota minimum, puis il passe au cœur de son récit : la perte de motivation et de confiance en soi de Pérégrine. Le scénariste fait des efforts méritoires (en VO) pour intégrer des expressions françaises grammaticalement correctes, avec un succès impressionnant pour un comics américain, mais où il subsiste quelques maladresses. Il évoque les origines de ce superhéros très secondaire dans l'univers partagé Marvel, ainsi que son amour pour sa femme. Le centre d'intérêt du récit réside alors dans la dépression provoquée par sa mort, et le manque de motivation. On est très loin de la bagarre du mois contre un supercriminel de plus. La partie graphique est tout aussi décalée. Marguerite Sauvage réalise régulièrement des portions d'épisodes, comme la série Angela de Kieron Gillen & Marguerite Bennett, ou dans la série Faith de Jodie Houser, ou encore dans la série DC Bombshells. Elle réalise des dessins éthérés, au détourage délicat, avec une sensibilité féminine indéniable, baignant dans des couleurs pastel. Le résultat est très éloigné de l'esthétique testostéronée des superhéros, avec une apparence beaucoup plus sentimentale qui sert complètement le propos de James Robinson.


Le deuxième épisode comporte un peu plus d'action, moins prétexte à remplir les quotas. Le scénariste continue de promener son héroïne aux quatre coins de la planète, cette fois-ci dans une enquête en bonne et due forme, avec des fantômes à la clef pour le quota de surnaturel et de magie. Il en profite pour imaginer et présenter une nouvelle superhéroïne originale, elle aussi pratiquant la magie. Les dessins d'Annie Wu reposent sur un encrage des contours plus appuyés et moins élégant, avec des traits pas toujours jointifs et des visages moins fins. La narration visuelle est efficace avec des acrobaties d'Alice Gulliver aussi impressionnantes que parodiques. Du coup, le ton est plus à l'hommage qu'à l'aventure au premier degré, pour une histoire sympathique et bien construite, mais moins prenante que celle du premier épisode. Néanmoins les réflexions d'un personnage âgé sur la motivation née du désir de ce qui reste inatteignable sont d'une grande pertinence.


Avec l'épisode 8, James Robinson abandonne toute velléité de faire croire à une aventure de superhéros conventionnelle. Certes il y a bien un supercriminel classique et de second (voire troisième) ordre dans l'univers partagé Marvel, et il y a bien une activité criminelle à laquelle Scarlet Witch met fin. Mais très rapidement, le lecteur se laisse prendre au jeu des séances de psychanalyse, et des questions / réponses entre Roland Grand et Wanda Maximoff. Robinson attaque de front toutes les questions qui fâchent quant au comportement de Wanda, du fait qu'elle ne reprenne pas contact avec ses fils, au fait qu'elle ait abandonné Simon Williams dans le corps de Rogue. James Robinson retricote patiemment la cohérence du personnage, rafistole sa continuité et fait émerger sa personnalité comme rarement il a été fait. Wanda Maximoff en ressort comme une femme avec du caractère, capable de réflexion sur elle-même, acceptant de regarder ses défauts en face, refusant de se morfondre dans les reproches des individus qui voudraient qu'elle soit autrement.


Cet épisode 8 est servi par les dessins exceptionnels de justesse et de sensibilité de Tula Lotay. Elle avait prouvé sa capacité à mettre en image un scénario aussi complexe que formidable de Warren Ellis : Supreme: Blue Rose. Elle met toute sa science au service de celui de James Robinson pour évoquer les souvenirs de Wanda Maximoff en les chargeant des émotions qu'elle leur rattache. Sa mise en couleurs est personnelle sans être excentrique. Les visages expriment des émotions complexes. Le langage corporel participe à l'expression des états d'esprit successifs. Elle gère admirablement bien la densité d'information visuelle, ainsi que le degré de détails des arrière-plans. C'est un régal de bout en bout de voir Wanda Maximoff traitée avec autant d'égards, de respect et d'intelligence. Cet épisode 8 justifie à lui seul l'achat et la lecture de ce tome.


James Robinson continue sur sa lancée avec l'épisode 9. Il se sert de l'événement Civil War II pour nourrir la discussion entre Wanda et Pietro, sans pour autant devoir dévier du fil directeur de sa narration. Ce face à face s'avère aussi révélateur que l'épisode précédent, avec la confrontation entre la manière dont Pietro perçoit sa sœur et se la représente, et les émotions de Wanda. Robinson utilise avec doigté le caractère un peu prétentieux de Pietro pour lui faire dire ses quatre vérités à sa sœur, des remontrances à la fois justifiées, et à la fois totalement dépourvues de toute empathie, et de toute sympathie. Devant un tel comportement de goujat, Wanda Maximoff répond, ce qui fait ressortir son caractère avec force et conviction. Joelle Jones, la dessinatrice de Lady Killer - Tome 01 : À couteaux tirés de Jamie Rich, réalise des dessins plus descriptifs et moins chargés en émotions que Tula Lotay. Mais elle campe également le portrait d'une femme adulte qui prend conscience progressivement de sa confiance en soi, face à un malotru imbu de lui-même, dans une prise d'autonomie jouissive, tout en conservant une dimension dramatique. Cet épisode confirme la nature indispensable de ce tome.


Le dernier épisode conclut ce tome avec une nouvelle enquête surnaturelle, mise en image de manière un peu plus conventionnelle, avec une part plus importante donnée aux représentations descriptives et à la pyrotechnie des affrontements à base de magie. Il s'ouvre avec une page d'une poésie inattendue, avec un renard progressant dans un champ de neige dénudé. Le lecteur apprécie l'enquête bien ficelée et originale sur un meurtre. Petit à petit, il prend également conscience de sa composante spirituelle, et de la manière délicate et touchante dont l'âme du défunt s'éloigne progressivement du monde des vivants.


À la fin du tome, le lecteur éprouve un sentiment de satisfaction rare, d'avoir lu un récit de superhéroïne, dans lequel le scénariste sait accommoder les ingrédients obligatoires (magie, affrontements, intrigues, continuité) d'une manière sophistiquée et élégante, pour des récits d'une grande qualité, dont 2 inoubliables dans leur sensibilité et leur connexion avec l'héroïne. Le changement de dessinatrice à chaque épisode se trouve justifié par le changement de lieu et d'histoire. Elles réalisent toutes un travail de qualité, Joelle Jones se détachant pour sa mise en scène plus élaborée, et Tula Lotay les dépassant toutes par sa sensibilité et son intelligence graphique.


-
- Le tome se termine avec une histoire consacrée à Alice Gulliver, introduite dans l'épisode 7. Il s'agit de son récit d'origine, de son lien avec Stephen Strange, finissant par une de ses missions. Bon Prince, James Robinson étoffe le personnage qu'il a créé et le rattache à la continuité Marvel et à la magie, pour le légitimer. L'exercice narratif est moins habile que les ép

Presence
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le 7 mai 2020

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