Le Tribut
6.6
Le Tribut

BD (divers) de Benjamin Legrand et Jean-Marc Rochette (2016)

Un coup de peinture sur cette belle chose...

ALors je savais que Cornelius travaillait depuis quelques années sur la réédition du double album de Rochette et Legrand. La série s'était arrêtée au tome 1 chez Casterman et voilà que Cornelius ressort une intégrale avec un tome 2 et une conclusion.


Et, surtout, une nouvelle couleur, expressionniste à souhait, qui rend complètement hommage à l'histoire qui commence sur une planète mystérieuse, dont la couleur de l'atmosphère change au gré des ecclipses. Cet univers est hostile à une espèce humaine colonisatrice qui, sur d'autres fronts hyperspaciaux se fait décimée par de mystérieux "Autres". Les forces colonisatrices pensent trouver sur cette planète l'arme qui leur permettra de vaincre l'ennemi.


On suit un troufion désabusé qui fera la rencontre du troisième type tant espérée, mais qui épousera la cause de l'adversaire, l'autre étant toujours l'adversaire. Oui, je sais, ça rappelle un peu le scénario d'Avatar, sauf que c'est bien antérieur et, surtout, bien plus sombre.


L'univers oscille entre le concentrationnaire de la base polaire et la jungle mortelle des films post-Vietnam, où le soldat se fait saigner par un ennemi invisible qu'on ne peut vaincre qu'en pratiquant une politique du bombardement et de la terre brûlée devant soi.


Le scénario laisse parfois un peu dubitatif par quelques trop grandes ellipses qui laissent parfois trop de latitudes d'interprétation au lecteur pour qu'on n'en veuille pas un peu au scénariste d'être aussi cryptique.


On retrouve un peu ce qu'on peut reprocher au transperceneige : un superbe univers, des personnages forts, des séquences bien foutues, des dialogues au poil, mais... mais une grosse difficulté à finir les histoires autrement qu'en queue de poisson.


La conclusion du récit laissera donc un peu sur sa faim ceux qui espéraient un final un peu grandiose.


Au niveau graphisme le dessin de Rochette est impeccable au découpage, parfois un peu noyé d'encre, mais ça participe à l'ambiance, le trait est épais, les masses sont fortes et, parfois, d'incroyables subtilités de dessins apparaissent dans les zones éclairées. Un grand plaisir de dessinateur.


Enfin, pour la présente édition, il faut noter le travail de couleur de Cornelius : expressif, et même expressionistes, avec des ciels fous, des compos en à-plat qui rappellent l'époque d'origine du récit, avec, en même temps, une modernité débridée.


Les amoureux des ciels bleus et de l'herbe verte, les fans des dégradés et du pastel pourront passer leur chemin, ici, on en prend plein la gueule, et ça fait plaisir. Les amoureux de la couleur se régaleront.


Ceux qui n'y connaissent rien diront que c'est fait par un daltonien, et ils mériteront le pal dans leurs petits yeux porcins.


Bref, c'est chouette.


Enfin, le livre est beau et semble moins fragile que la production habituelle de Cornelius, dont les coins blanchissent au contact de la première étagère où on les pose et dont les dos cassent trop souvent à la seconde lecture. Le prix est cher, comme d'habitude, mais ça le vaut, vu ce fort joli dos toilé sérigraphié qui fait plaisir.


Voilà, je ne peux donc que vous recommander cette chouette réédition SF que, je l'espère on retrouvera en catégorie "patrimoine" à Angoulême.

CapitaineNemo
8
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le 25 sept. 2016

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CapitaineNemo

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