Le bleu est une couleur chaude par AntoineRA
Je m'attendais à être surpris par cette BD louée comme belle et primée de nombreuses fois. Mais il faut croire qu'elle souffre des mêmes défauts que le film, et pire encore. Finalement Kechiche avait peut-être raison de vouloir s'étendre sur trois heures car, là, en 150 pages, tout va beaucoup trop vite. Les mois durent deux cases et jamais on ne prend le temps de s'impliquer dans les relations de Clémentine, et donc de ressentir les évènements à sa façon. Disons aussi que l'écriture est alarmante de niaiserie. On a l'impression de lire une fan-fiction ou alors tous les fantasmes d'une pseudo-lesbienne en soif d'aventure. L'homosexualité sert juste de contexte, et tous les clichés de l'amour y sont ; ça en devient déprimant. Je t'aime, moi non plus, je ne veux pas te faire de mal, mais je t'aime, je ne sais pas ce que je veux, mais je t'aime, je boude, mais je t'aime, à en mourir... OH MON DIEU, s'il-te-plaît Julie, à 25 ans passés c'est pas possible de pondre autant de naïveté et de guimauve - et les dialogues sont d'un infantilisme aberrant. Au final, on ne s'accroche à rien, sauf peut-être au dessin crayonné généralement dans des tons noirs, blancs, gris avec quelques pointes de couleur - des éléments bleus, et autres teintes par endroits. Le style est particulier, mais simple et n'apporte pas tant que ça au récit. En même temps, après lecture, je suis d'autant plus étonné de l’œuvre sincère que Kechiche a réussi à tirer de cette BD prédestinée à un public de collégiens assurément ignares en relations amoureuses et aux fantasmes tout aussi mielleux.