Western noir, fiévreux et violent, "Catamount" démontre que ce genre si particulier peut encore vivre de belle manière dans la bande dessinée. Et là, surprise, un jeune dessinateur s’empare, comme matière première de sa création, d’une série de romans du milieu du siècle dernier.


Hiver 1870, à Niobrara, au cœur des États-Unis. Pendant que le jeune Catamount chasse le grizzli en forêt, un entrepreneur véreux s’est mis en tête de racheter plusieurs fermes des environs. C’est qu’un train doit traverser ces vastes étendues sauvages, et que rien ne doit entraver, ni ralentir, la construction de cette ligne de chemin de fer. Mais notre homme tombe sur un os : il n’est absolument pas question, pour le père adoptif de Catamount, de céder ce qui constitue l’héritage de ses enfants. L’amorce d’un drame effroyable.


Né sous la plume du romancier Albert Bonneau à la fin des année 1940, le personnage de Catamount vit, pendant une grande décennie, plusieurs dizaines de formidables aventures dans l’ouest sauvage. Soixante ans plus tard, Benjamin Blasco-Martinez décide de faire revivre le héros. D’abord avec un récit complet, La Jeunesse de Catamount, publié en 2015 chez Physalis, puis à travers ce qui s’annonce comme un ténébreux diptyque, dont voici le premier volet édité par Petit à petit.


Western endiablé, Catamount propose une déferlante d’action sur le mode de la tragédie. Reste que le format, réduit, donne l’impression de situations très précipitées, et presque forcées, pour conduire au drame. Cela va vite, et parfois trop vite. Surtout, les personnages, rapidement esquissés, s’avèrent particulièrement caricaturaux, du côté des antagonistes. Difficile de les croire vivants mais c’est sans doute qu’on veut trop vite les voir morts. Comme notre homme d’affaire sans scrupules : un méchant, un vrai de vrai, à un point tel qu’on le voit lui-même surpris lors du brusque retournement de situation qui constitue le dénouement du volume.


Mais la grande force de cette bande dessinée réside dans la qualité du dessin offert par Benjamin Blasco-Martinez. Cadrages, découpages, décors, portraits, couleurs : tout concourt à créer une tension de tous les instants et insuffle une puissance dramatique évidente, de la violence transpirant la crasse et le sang. Par là, le dessinateur inscrit son œuvre dans la tradition des grands westerns, tout en lui donnant une teinte résolument moderne. L’importance des paysages enneigés en témoigne par exemple, évoquant les derniers grands films ayant eux aussi rendu hommage et renouvelé le genre, comme The Revenant de Alejandro González Iñárritu ou The Hateful Eight de Quentin Tarantino.


Dès lors, à l’issue de ce volume qui montre la chute de notre héros, on n’a qu’une hâte : découvrir l’autre versant de ce diptyque, celui de la vengeance !


Chronique originale et illustrée sur Actuabd.com

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le 26 mai 2017

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