Cette aventure de Jeremiah est marquante en particulier parce qu’elle est l’occasion de sa rencontre avec Lena Toshida (alors que lui-même s’annonce comme Jeremiah tout court). Lena est la fille d’un homme d’affaires très puissant puisqu’il détient le lobby du pétrole. Du moins ce qu’il en reste, puisque Hermann fait bien sentir que dans le monde post-apocalyptique qu’il a imaginé, on s’organise encore comme on peut.

Toshida a visiblement des origines asiatiques qu’il a transmises à sa fille, une très séduisante brune aux cheveux longs, jolies gambettes, hyper-féminine mais capricieuse, le type même de l’enfant gâté. Jeremiah et Kurdy l’observent un soir en arrivant au motel Lark’s où ils veulent dormir, alors qu’elle fait tourner en bourrique le personnel. Ils apprennent qui elle est, ainsi que le pedigree du père. Kurdy obtient un renseignement intéressant : la belle serait visée par un projet d’enlèvement dans le but d’obtenir une rançon. Tant qu’à faire, autant prendre les devants pour tirer les marrons du feu. Voilà nos compères embarqués dans une aventure où le côté fantastique va apporter une atmosphère très particulière. Comme le titre le laisse entendre, le marais où tout va se jouer est inquiétant. Remarque du garde du corps personnel de Lena à Jeremiah, planche 26 « Depuis que tu as crié, tout a l’air hostile. La moindre mousse semble nous reprocher d’être là !... »

Les cris de Jeremiah lui permettent de communiquer à distance avec Kurdy. Celui-ci finira par lui répondre brièvement. Commentaire typique du personnage, alors qu’il plaque sa main sur la bouche de Lena « Assez téléphoné pour aujourd’hui. Faut pas qu’ils repèrent la cabine. »

Cette aventure marque aussi une possibilité de réelle cassure entre Jeremiah et Kurdy. La faute à Kurdy qui flaire une bonne affaire en modifiant ses plans à l’instinct, sans en avertir son pote. La faute aussi à Lena dont le charme agit naturellement. Deux trois gestes dans des situations particulièrement tendues vont rapprocher Jeremiah (le beau jeune homme indépendant et droit) et Lena la jeune femme irrésistible qui, malgré son caractère, éprouve un irrépressible besoin de protection.

Cette BD est donc intéressante psychologiquement. Dans le dessin, Hermann donne libre cours à son inspiration (certains débordent des cases pour aller jusqu’en bord de page). L’aventure est pleine de péripéties et les couleurs de F. Raymond sont parfaitement adaptées (esthétique très représentative de l’époque de publication de l’album : avril 1983). La collaboration entre le dessinateur-scénariste et son coloriste fonctionne parfaitement, un vrai régal. Voir le marais, l’hôtel ou le véhicule futuriste de Toshida. Il y a de l’action, du suspense et des personnages capables de tout.
Electron
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le 5 juil. 2013

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