Les Équinoxes par Christine Deschamps

J'avais adoré Portugal. Et renoncé à acheter ces Equinoxes à cause des couleurs. C'est la 3ème fois au moins que j'écris ça, et la conclusion est toujours la même : c'était incohérent, irrationnel et dommageable. En l'occurrence, ce récit est porté par ces teintes parfois criardes qui traduisent les états d'âme des personnages. Une fois qu'on est plongé dedans, c'est un véritable enchantement. Même si tous ces personnages sont gravement dépressifs. Le traitement que Pedrosa leur applique permet d'étaler l'intérieur à l'extérieur et fait de la BD un rejeton naturel du roman qui ne démérite pas du tout, bien au contraire. En prime, je retrouve dans le trait de l'auteur la spontanéité que j'adore dans les carnets de certains sketchers, cette manière faussement désinvolte de saisir l'essentiel d'un geste libre, comme si on gribouillait au téléphone en écoutant une bonne copine étaler ses interminables déboires sentimentaux. Et, cerise sur le gâteau, la mixité des techniques graphiques est renforcée par la présence de textes contemplatifs ou introspectifs qui ne cassent en rien le rythme narratif. Comment le dire mieux que ça ? Ruez-vous sur cette pépite en demi-teintes, pleines de surprises et de strates ! De la BD adulte, où adulte ne rime pas avec classée X ! (Mais peut-être que je lui perds des lecteurs, là... ^^)