J’en ai marre d’avoir peur… Peur de tout et peur de rien… Peur d’aujourd’hui et de demain… Les ténèbres me fascinent autant que je les redoute… Pourquoi les craindre ?... N’a-t-on pas peur de ce que l’on ignore ?... ».



Dès que j’ai vu cette BD dans le rayon de la petite bibliothèque où je vais me suis jeté dessus. Au moment où j’ai aperçu la bordure je me suis dit : ça, ça ne peut être qu’une œuvre de Guillaume Bianco, l’un de mes auteurs et dessinateurs préférés. Et ça n’a pas loupé, il s’agissait bien de l’une des œuvres de l’auteur de Billy Brouillard. Á travers cette Encyclopédie bizarre & curieuse, Billy Brouillard lui-même nous donne des petits trucs et astuces pour reconnaître et apprivoiser les fantômes.


Avant même de commencer à rentrer dans le vif du sujet, le sommaire nous met dans l’ambiance de la BD et nous présente ce que nous allons bientôt découvrir. L’œuvre est découpée en trois parties assez distinctes les unes des autres. D’abord nous avons «l’ABC du fantôme», ensuite les «Histoires de fantômes», ma partie favorite, et enfin les «Trucs et astuces fantomatiques». La présentation de ces trois différentes parties est entourée par deux branches de ronces qui se croisent. Le tout de ce sommaire est encadré par les magnifiques dessins de l’auteur qui représentent certains personnages que nous allons retrouver dans la BD. Et le petit fantôme en bas de la page gauche, où il est sensé ne rien y avoir, est trop mignon. Il ressemble un peu à une larve avec de grandes orbites noires. On dirait qu’il gesticule en s’écriant « Wooooh », sûrement parce qu’il ne sait pas où il est et qu’il est tout seul.


L’avant-propos, écrit par Billy Brouillard, nous dit dans quelles conditions nous devons nous mettre pour qu’à la lecture ce livre nous paraisse magique. Pour cela, il suffit d’attendre qu’il fasse nuit et que tout le monde soit endormi. Il faut ensuite tamiser la lumière et allumé une bougie pour que le papier nous semble plus jaune. Après nous n’avons plus qu’à nous mettre sous la couverture et à commencer à lire, avec une infusion de verveine fraîche à porter de main. Je me suis prêté au jeu (du moins pour la moitié de la BD) et je vous avoue qu’à certains moments je sentais quelque chose de froid sur mon poignet droit. Comme si une épingle le traversait. Inquiétant n’est-ce pas ?!


L’ABC du fantôme commence très bien avec une double page entièrement dessinée représentant «La galerie effroyable» qui montre toute une série de portraits fantomatiques, dans des cadres différents, sur un fond de papier peint délabré et déchiré par endroits, et avec des petites têtes de morts. Le tout encadré par de vieux rideaux en haillons et de multiples créatures et esprits qui se baladent un peu partout. On prend plaisir à observer chaque détail, qui détaché les uns des autres paraissent insignifiant mais qui réunit forment une belle image.


Ce que j’ai beaucoup apprécié, et qu’on retrouve dans plusieurs des œuvres de Guillaume Bianco, est que la narration n’est pas enfermée dans des cases et laisse de l’espace entre chaque nouvel élément (ou dessins). Les pages respirent. Et comme les bulles sont plutôt rares cela permet aussi de mélanger dessins et typographie sans saturer le rendu visuel. Cela procure un certain plaisir.


J’affectionne également beaucoup les jeux avec la typographie. Le simple fait de faire ressortir des mots en les mettant d’une couleur différente, en capitales et/ou en gras, renforce l’aspect visuel et retient l’attention du lecteur. Mais il n’y a pas que cela. Il y a aussi, dans les pages présentées comme celles d’un journal, le changement de caractère selon les articles. Et surtout ce qui est très plaisant dans cette BD par rapport à la typographie est que chaque titre (surtout pour ceux des histoires de fantômes) a une forme unique. Leur aspect esthétique est tout simplement splendide. Celui que j’ai trouvé le plus marquant est celui de Fils du Mort, écrit tout en squelette, blanc, sur un fond d’un noir intense.


Les dessins en noir et blanc renforcent le fait qu’il s’agit d’une BD qui nous est racontée et qu’on lit la nuit. Les pages noirs donnent un rendu superbe comme par exemple dans l’histoire d’Atroce où tout est illustré en silhouette et où le blanc peut représenter la lumière émise par la Lune. Dans ces pages les ténèbres dévorent tout. On peut aussi trouver des dessins avec des couleurs ocre, très utilisées par l’auteur dans de nombreuses de ses œuvres, surtout en ce qui concerne l’univers de Billy Brouillard et de Zizi chauve-souris.


Les histoires de fantômes sont toutes très captivantes. On peut en compter neuf dont les titres sont les suivants : La Dames du puits, Le Retour de la fille aux couteaux, Le Fantôme deux dos, Le Fils du mort, Le Fantôme du placard, Le Fauteuil qui fume, L’Atroce histoire d’Atroce, Le Fantôme de chiffon, et Azazoth. Mes préférés sont celles du fantôme du placard, dont je ne peux pas trop parler pour éviter de vous révélez trop d’éléments importants, mais aussi l’histoire de la fille aux couteaux où vous allez apprendre à respecter les morts. Ainsi que celle du fantôme de chiffon assez cruelle et triste.


Vers la fin vous trouverez un petit questionnaire fantomatique plutôt sympathique qui vous révèlera quel genre de fantôme vous serrez plus tard ou si vous en êtes déjà un. Et il y a aussi une double page maudite, écrite à l’envers, et qui ne peut être retourné qu’entre minuit et trois heures du matin, sous peine d’avoir les yeux brûler et de devenir aveugle. Étant donné que l’heure à laquelle je lisais ce passage de la BD n’était pas une heure propice pour être retourné, je l’ai lu à l’envers, et je regardais les dessins avec un miroir.


Comme toujours, l’œuvre de Guillaume Bianco nous envoie dans un univers peu commun, avec des histoires captivantes et un esthétisme sublime.

Créée

le 12 janv. 2019

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