Le formidable Sauroctones (tome 2) de Erwann Surcouf
Je ne sais pas par où commencer tellement TOUT est bien.
Allez si : le dessin qui combine plein de chouettes inventions avec une apparent simplicité, mais surtout, une lisibilité qui rend la lecture hyper fluide.
Il y a cette impression (deja eu a la lecture de Scott Pilgrim par exemple) que « ho c’est pas si compliqué a dessiner je pourrais trop faire ça »... alors que c’est méta balaise !
Et super généreux en détail notamment dans les décors de ce monde post apocalyptique ou le cerveau du lecteur passe toujours une partie de son temps en veille pour reconnaitre ou deviner des références cachées derrière la déliquescence.
L’univers quasi médiéval au milieu des ruines de notre belle civilisation qui s’est reconstruite entre rumeurs, légendes et superstitions, est un des moindres atouts de cette fresque.
La galerie des personnages, qui entrent (et sortent parfois les pieds devant) de cette histoire est aussi pleine de malice (bénine).
Nos trois héros tous dotés, voire affligés, d’un pouvoir (le changement de sexe incontrôlé) se retrouve embarqué dans une quête vers la fusée qui leur permettra de rejoindre... quoi donc ? Le saura t on un jour ?
La narration de ce tome est une référence étonnante a la Sherazade des lille et une nuit, et la narratrice passe une grande partie du livre a raconter leurs aventures pour repousser sa mort.
Autre petit truc narratif génial : les aventures de nos héros, les trois sauroctones, sont régulièrement publiées dans des fanzines que le peuple s’arrache et qui raconte (avec un petit temps de retard) leurs aventures passées.
D’ailleurs chaque « chapitre » de l’histoire est séparé d’une couverture de « Sauroc Illustré » (et je reve d’une micro édition bonus d’un de ces opus fanzineux, qui peut être existe vraiment ?).
Ceux qui savent se rappelleront sans doute la chanson des aventures du film « Philibert, capitaine puceau ». Le principe est le même, mais mieux exploité, plus richement.
L’auteur profite aussi de son récit pour égratigner gentiment plein des travers de ses contemporains : une ville-communauté facebookienne ou tout le monde approuve oralement par des « j’aime » ou des « smiley clin d’oeil » (mais dit a haute voix... faute d’avoir des téléphones encore en état de marche)... j’aime tout particulièrement les collectionneurs de dédicace revendeurs de Sauroc illustrés dédicacés !
Bon je pourrais parler des heures des références qui fourmillent dans le récit, tout en réussissant cette gageure de ne pas l’alourdir !!!
Au contraire, la fluidité du récit fait plaisir. Le rythme, qui ne manque pourtant pas de péripéties, sait ménager des moments de pause. Erwann nous dégote même un méchant de belle facture, qu’on a envie d’étrangler a chaque apparition et dont je soupçonne qu’on a pas fini d’entendre parler, tel un furoncle à répétition.
Je serais sot de ne pas mentionner enfin la mise en couleur géniale qui ajoute une dernière touche de lisibilité a l’ensemble.
La plupart du temps traitée dans une apparence de bicromie, chaque page propose une ambiance dans une gamme donnée ou la contrecouleur apporte une harmonie et un contraste qui permet de guider l’oeil du lecteur vers la zone importante de la case.
Bref, c’est pour moi un vrai chef d’oeuvre de bande dessinée. C’est drôle, c’est malin, c’est riche, c’est entraînant !
Quelle joie a lire. Je le recommande a tous, y compris (voire surtout) aux parents qui veulent donner a leurs enfants de la lecture d’aventures haletantes !!! Je pense que dès 8 ans un bon lecteur en herbe trouveras sa joie dans les aventures du Trio Fantastico !