Ceci n’est qu’une opinion, mais la saga Thorgal a pris fin avec le tome 21 intitulé La Couronne d’Ogotaï, beaucoup ne sont surement pas d’accord avec ça mais c’est pourtant vrai. Les albums suivants, à quelques exceptions prêt, semblent avoir pour seul but de maintenir sous perfusion une franchise qui a perdu dès l’album Géants toute son âme, tout la force mystérieuse qui en faisait une des plus belles réussites du neuvième art.

Cette série parallèle qu’est Les Mondes De Thorgal vient confirmer cette sensation qu’il ne faut absolument pas laisser mourir le filon trouvé il y a des années. On crée donc cette nouvelle série sensée retracer la genèse des principaux personnages, nous apporter ainsi des clés de lectures et ouvrir de nouveaux horizons à la relecture de la première saga. Formellement c’est parfaitement réussi, le trait est beau et fin et privilégie comme toujours le réalisme des personnages et des décors. Si Rosinski et Van Hamme ont cédé la pace, il n’empêche que leurs deux remplaçants, Yann et Surzhenko respectent parfaitement l’univers graphique de leurs prédécesseurs en proposant un univers d’une richesse visuelle plutôt rare.

L’histoire cependant laissera les fans sur leur faim tant elle a du mal à proposer autre chose qu’une petite intrigue totalement déconnectée du reste de l’histoire de Thorgal et sans aucun renvoi à l’un des autres albums. Elle est bien pour elle-même mais ne fait par moment que du remplissage, reste le respect de l’univers des légendes nordiques mais c’est bien peu. On retombe en fait directement dans les travers des albums suivant La Couronne d’Ogotaï. Avant cet album, l’histoire de Thorgal s’étalait au long cours sur de nombreux albums car elle traitait en toile de fond les origines plus que mystérieuses de notre héros. Chaque album avait bien sûr son unité, mais ce fil rouge narratif rendait la franchise passionnante et rendait indispensable la lecture du tome suivant. Cet album, Les Trois Sœurs Minkelsönn n’est pas mauvais mais traite une petite histoire qui s’étalera probablement sur deux albums au total et n’apporte aucun élément nouveau sur la personnalité de Thorgal à travers ses yeux d’enfant.

L e seul point positif sera sa relation d’un amour déjà naissant avec celle qui restera à jamais la femme de sa vie, la belle est blonde Aaricia. Il faudra un jour rendre justice à Rosinski et Van Hamme pour avoir su donner vie à une des plus belles, totales et inconditionnelles histoire d’amour de la bande-dessinée. Ils ont su traduire à coups de crayons un amour idéal fait d’une alchimie entre la passion, la confiance, le respect et la destinée. Ces deux êtres s’aiment sans chercher à comprendre pourquoi, ils s’appartiennent l’un l’autre et affrontent les épreuves les plus difficiles presque sans broncher. Jamais ils ne doutent l’un de l’autre et donnent le plus beau des visages à cette âme sœur que représente l’autre. On sent déjà dans cet album la force d’un amour puissant et destiné à l’éternité, Aaricia ignorant les mises en garde de son frère lui interdisant d’approcher Thorgal, éternel paria parmi les vikings.

C’est finalement aux nouveaux lecteurs de la franchise qu’il faudrait recommander cette bande-dessinée, à ceux qui ne sont pas encore plongés dans le cœur de cette saga. Ils prendront surement plaisir à cette lecture et enchaineront ensuite sans déception avec la principale série. Cette petite histoire est belle bien sûr, mais pour elle-même et seulement pour elle-même, on continu de souhaiter un retour à ce qu’était avant elle l’histoire de Thorgal, une grande histoire et non une succession de petites histoires. Parce-qu’aujourd’hui, on ne lit les bandes dessinées de Thorgal qu’avec plaisir, la passion s’en est allée…
Jambalaya
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le 29 mai 2013

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