Ludwig B, tome 2
7.1
Ludwig B, tome 2

Manga de Osamu Tezuka (1994)

A la manière de sa monumentale biographie sur Bouddha, Osamu Tezuka a eu en tête de créer celle de Ludwig van Beethoven. C'est aussi une biographie totalement fictive, mais qui, comme dans le film Amadeus, une inspiration assumée par Tezuka, suit en parallèle le parcours du musicien ainsi que celui d'un certain Franz Kreuzstein.

Ce dernier est le fils d'un aristocrate qui, pour une raison précise, va se mettre à haïr tous les Ludwig existants, et ce sera lui qui va provoquer la surdité du jeune musicien en lui mettant un coup de bâton dans l'oreille. Bien entendu, comme je le précisais, la vérité n'est pas là, mais ce qui fascine, c'est le parcours parallèle qui se dessine entre les deux hommes, l'un faisant indirectement avancer l'autre. Autant Beethoven est parfois désabusé par la réception de sa musique, mais qui recueille tout de même un grand succès, Franz monte dans les grades de l'armée lors de la guerre prusso-française et va aller jusqu'à tuer une femme, puis recueillir son enfant dont il en fera son fils, au grand désarroi de sa famille.

Longue de 500 pages, la fin du récit laisse dans un grand état de frustration, car pour une biographie fictive, on ne saura jamais où Tezuka voulait nous emmener. En effet, l'auteur est décédé peu après livré ses dernières planches.
Mais quelque part, on sent dans le récit la peur de la disparition à travers Ludwig, dont la surdité se fait de plus en plus présente. Le récit se termine alors que le compositeur a une vingtaine d'années, et qu'il commence à composer la sonate Clair de Lune. C'est dire l'ambition affichée de l'auteur, qui comptait en faire une dizaine de volumes si le destin n'en avait pas décidé autrement.

On y retrouve le style habituel de Tezuka, avec un sens du détail sur les décors (l'auteur a fait des repérages dans la ville de Vienne), de l’humour (une jeune femme est coiffée et habillée comme si elle était une renarde), un sens littéralement cinématographique par moments. D'ailleurs, il y a un moment génial, qui est une confrontation entre Franz et Ludwig ... filmée par une caméra et dont les dialogues sont des intertitres ! C'est surréaliste, car on est au XVIIIe siècle, et pourtant, ça marche totalement, et qui là aussi rappelle un peu le film Amadeus.

Tout comme Gringo (autre titre inachevé), Tezuka semblait commencer à travailler sur une œuvre plus adulte, à l'instar de ce formidable Ludwig B, et les dernières pages laissent place à une grande tristesse face à la disparition de cet immense mangaka.
Boubakar
8
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le 4 nov. 2014

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Boubakar

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