Naruto, c'était mieux avant.

Naruto avait plutôt bien commencé, ma foi. L'univers de ninjas était attractif, composé d'une pléthore de personnages avec des styles bien différents, et les références mythologiques très intéressantes (à 13 ans, t'en apprends des choses). Le cancre qui veut surpasser son rival premier de la classe et largement plus beau gosse que lui, c'est le scénario classique, mais si c'est utilisé à foison dans tous les shonens, c'est que ça marche à tous les coups. Le Shonen Jump n'est pas très connu pour publier des mangas qui prennent trop de risques dans leur cheminement... (attention, la suite va comporter des spoilers)

La première partie de Naruto (avant Shippuden, donc) était absolument géniale. Les combats étaient riches et très intéressants, même quand cela ne relevait pas d'une technique irréprochable (Naruto ne peut pas se comparer à Shikamaru et c'est pas plus mal). L'histoire qui commençait à se mettre en place promettait pour la suite. Le style de dessin, tout particulièrement entre les tomes 15 à 20, était arrivé à un stade de maturité assez plaisant.

Et ensuite, il y a eu Shippuden.

Contrairement à beaucoup de personnes, je ne considère pas que le début même de Shippuden était à jeter. Par exemple, j'ai beaucoup aimé qu'on entre dans le vif du sujet avec les Bijuus, d'abord introduit par l'arrivée d'Itachi et Kisame dans la première partie. L'évolution de Sakura m'a aussi beaucoup plue, je pensais qu'elle allait enfin servir à quelque chose. Pain est aussi un des méchants les plus charismatiques que j'ai vu jusqu'à maintenant et j'appréciais beaucoup les autres membres de l'Akatsuki en général.

Cependant, la suite part complètement en vrille à mes yeux :
- déjà, le premier point négatif qui me vient à l'esprit et qui est complètement rédhibitoire pour moi, c'est la résurrection récurrente dans le scénario : que Pain soit devenu un "gentil" avant sa mort, passe encore, ça ne me dérange pas et ça reste dans la logique de l'esprit de Naruto ; mais qu'il ressuscite tout le monde pour se racheter, non. Qu'il en ait le pouvoir, c'est tout simplement aberrant. Kakashi est un de mes personnages préférés et le voir mourir a été un choc, mais un choc positif. Les conséquences de sa mort sur Naruto auraient pu être largement bénéfiques à la suite de l'histoire, mais il n'en a pas été ainsi malheureusement. La prise de risques, comme je disais, c'est pas pour ce manga. Et alors, Kabuto et son alliance avec Tobi, où il ressuscite plein d'anciens ninjas valeureux, n'en parlons pas. J'ai été heureuse de voir apparaître Itachi à nouveau, mais objectivement, ce n'était pas nécessaire et un flashback aurait largement suffi. Bref, je suis contre la résurrection en général (sauf s'il y a un atout scénaristique intéressant, mais autant vous dire que c'est extrêmement rare), je trouve que c'est le signe fatal de la fin de l'imagination et de l'originalité une fois qu'on utilise cette cartouche-là.

- le développement de Sasuke : ce personnage, soit on l'adore, soit on le déteste. A titre personnel, je penche pour le deuxième cas. On pouvait s'attendre à ce que Sasuke retourne sa veste après être passé dans le camp de l'ennemi, mais qu'est-ce que l'auteur a mal géré son évolution ! Pour ceux qui souhaitait que l'auteur assume que Sasuke soit un gros connard, ce n'était pas possible : 1) Naruto est niais, il fallait une fin niaise où tout le monde est sauvé ; 2) Sasuke est son personnage préféré, il allait pas le laisser crever et s'il avait dû rester du côté des "méchants", il aurait dû logiquement mourir. Donc, retournement de veste, CQFD. Mais là, c'était loupé. Et dois-je mentionner le passage où Sasuke songe à devenir Hokage ? J'ai vraiment cru à une mauvaise blague...

- la grande Guerre : on s'en serait bien passé de celle-là ! Outre le problème de la résurrection déjà abordé auparavant, les combats sont fouillis, l'ennemi juste insupportable (vous me direz que c'est le but, mais il y a des méchants respectables et il y a les autres...) et puis cette histoire entre les Senjus et les Uchihas, sans compter les ancêtres qui se mêlent de la partie avec des pouvoirs sur-cheatés, merci, mais non merci. C'était d'un lourd, que j'en ai même raté le combat final, juste avant celui entre Sasuke et Naruto.

- les personnages féminins : soyons directs, ils sont affligeants. Pourtant, Sakura avait de quoi être prometteuse, mais l'auteur a eu vite fait de la reléguer au statut d'infirmière après son combat contre Sasori. On notera que les seuls shinobis capables de soigner leurs camarades, ce sont majoritairement des filles. Si ce n'est pas sexiste, je ne sais pas ce que c'est. Tsunade, si elle envoyait du lourd au début, a fini pareil que ses consœurs. Son intérêt principal a été celui de pouvoir soigner n'importe qui, ou presque. Et ses aptitudes au combat ? Elle en a mais ce serait con de trop en montrer, hein... Je n'aborderai pas le sujet des autres personnages féminins, quasi-inexistant. On notera tout de même la Mizukage Mei et aussi Konan, qui n'ont malheureusement pas été assez développées.

- la fin : c'était la fin logique et voulue, donc là-dessus, je n'ai pas eu de déception. Le problème, c'est que cette fin aurait pu être louable sans tout le bordel qui s'est passé juste avant avec la Grande Guerre et tout ce qui s'ensuit. Je trouve ça même particulièrement agaçant. (au moins, Sasuke n'est pas Hokage, ouf, la petite frayeur que l'auteur nous a tous fait ne m'a pas fait rire, loin de là) Et puis tout ce discours sur l'existence des ninjas qui ne fait qu'engendrer un peu plus de haine... Euh, oui, et donc ? Alors, morale de l'histoire ? Ah, on fait des bébés ? Ah d'accord...

- le dessin : comme je bave toujours devant mon tome 18, je vous laisse imaginer que son évolution m'a un peu hérissée le poil.

J'aurais encore d'autres critiques à faire, mais j'ai souligné les principaux défauts qui me sautaient aux yeux. J'ai mis 4 car ce manga n'est pas mauvais au point de lui mettre moins : les personnages sont attachants et charismatiques pour la plupart, certains combats valent vraiment le coup d’œil et ma nostalgie de la première partie l'emportera toujours. Mais ce n'est pas suffisant pour enrayer le reste.