Après un premier épisode intitulé Les bijoux de la Begum, voici Petit hanneton le deuxième épisode de la série Atom agency, qui voit l’équipe dirigée par Atom Vercorian enquêter sur une affaire qui trouve ses racines dans le passé.


L’action commence en janvier 1945 dans le Médoc où l’on se bat encore, bien que Paris soit libérée depuis plusieurs mois. Les combats font encore des morts et des blessés, ce que déplorent le second-maître Moncorgé, chef de char du « Souffleur 2 » et son ami Krikor Pirlian, tous deux de la 2e DB (Division Blindée), en attendant Petit hanneton, leur ambulancière préférée.


Effervescence au 36, quai des Orfèvres


Sans transition, nous voici ensuite en 1950, dans les locaux de la PJ où l’activité (intense) tourne autour de la traque de René la canne. L’inspecteur Borniche est sur le coup, pour la Sûreté. Le truand aurait été localisé dans le restaurant I vitelloni (petite référence à Fellini) à Montrouge. Pas de chance pour Krikor Pirlian venu voir l’inspecteur Tigran Vercorian (et faire appel à la solidarité entre arméniens), à la recherche de Petit hanneton qu’il n’a plus revue depuis ce jour de 1945 dans le Médoc. Sur les dents, Vercorian a tout juste la présence d’esprit de passer à Krikor la carte de son fils à l’Atom Agency (téléphone : Vanves 35-11) !


Atom et ses nombreuses obligations


Il doit emmener ses deux jeunes sœurs (la peste et le choléra) à la fête foraine place d’Italie, mais aussi assister à la cérémonie de l’Agra Hadig du fils d’un cousin, où il doit venir accompagné de Mimi (Mireille), sa secrétaire et petite amie (pas du tout arménienne, contrairement à Sandouie, sa fiancée « officielle »… depuis ses 12 ans… et fille d’un boucher turc). Place d’Italie, sur les auto-tamponneuses, Atom tombe sur Paulo Leca, un souteneur qu’il connait par son père et qui voudrait lui demander un petit service (on retrouvera Paulo Leca plus tard, dans un rôle trouble face à Tigran Vercorian). À la fête du cousin, la confrontation entre Mimi et Sandouie est glaciale, tendue, alors que le père d’Atom se fait attendre et qu’un autre cousin (Gougoutte) se donne en spectacle en vidant autant de bouteilles qu’il peut. Quand Tigran arrive, il est question d’un bébé nommé Charles alors qu’il s’appelle Chirak (mais ça sonne mal aux oreilles des français…) qui vient de se réveiller de façon opportune (les explications d’Atom à Mimi permettent de comprendre le but de cette cérémonie de l’Agra Hadig).


Entre fiction et réalité


Ce deuxième épisode de la série Atom agency est pour le moins touffu, avec un scénario bourré d’éléments intéressants. C’était quand même assez ambitieux de remonter jusqu’à l’ambiance de la Seconde guerre mondiale et un épisode où intervient la 2e DB, avec des hommes bien contents de pouvoir compter sur Les Rochambelles dont l’ambulance Cornegidouille conduite par Annette Scarabeo, affectueusement surnommée Petit hanneton en référence à son nom. Pour la rechercher, Krikor Pirlian peut compter sur des soutiens de poids, à savoir Jean Gabin (qui a effectivement participé au conflit dans la 2e DB, comme chef de char du « Souffleur 2 ») et Jean Marais (lui aussi passé par la 2e DB), réunis fictivement pour ce scénario de connaisseur (signé Yann), plein de détails véridiques.


La communauté arménienne


En intégrant la culture arménienne à cette histoire, avec de nombreux détails dont cette fête caractéristique, le scénario apporte une touche très personnelle à notre enquêteur, en lui donnant des racines, une famille où sa position n’est pas spécialement facile. D’ailleurs, son père n’imagine pas Atom marié autrement qu’avec une Arménienne, volonté renforcée par le fait que le jeune homme n’a plus sa mère. Tout cela présente un intérêt certain, surtout si la série propose d’autres enquêtes qui viendront approfondir les ambiances et les personnages. Mais à force d’enrichir un univers encore balbutiant, on finit par se demander où les auteurs veulent vraiment en venir. Les amateurs d’enquêtes peuvent ronger leur frein en se demandant quand elle commencera pour de bon. Concrètement, il faut attendre la planche 29 pour un album qui en compte 56. La vraie raison tient sans doute au fait que l’enquête elle-même ne sera pas la partie la plus élaborée de l’album.


Abondance de détails


Bon point pour cet épisode, la description de l’ambiance parisienne au début des années 50 est une réussite. Le dessin d’Olivier Schwartz est toujours agréable, très lisible sans négliger les détails, grâce à des cadrages bien étudiés. Par contre, Jean Gabin et Jean Marais ne sont que vaguement ressemblants. Heureusement, on note pas mal d’humour dans cet album qui, mine de rien, visite avec bonheur pas mal de lieux fort différents, tout en assumant ses nombreuses références (Gil Jourdan notamment). L’exploration des divers langages (arménien, argot, turc) apporte une touche réaliste qui finit malheureusement par montrer ses limites (impossible de comprendre certaines subtilités) et c’est symptomatique de cet album au scénario sans doute un peu trop touffu, surtout au regard de la relative simplicité de dénouement de l’enquête qui en est l’objet. Ceci dit, à la relecture, chaque détail prend son sens.


Critique parue initialement sur LeMagduCiné

Electron
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le 21 avr. 2021

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