Philémon, c'est LE personnage iconique de Fred, à l'instar d'un Pratt avec son Corto, d'un Franquin avec son Gaston, d'un Hergé avec son Tintin. A noter que concernant Hergé justement, il aurait envoyé à Fred ce message après avoir lu la première aventure de Philémon publiée :



plaisir de voir quelque chose de nouveau chez un jeune auteur



"Nouveau", le mot est faible. Avec Philémon, Fred bouscule tous les codes graphiques et narratifs, remet en cause le concept même de l'aventure dans le neuvième art, repousse les limites de l'imaginaire retranscrit sur une planche de papier.


Philémon, c'est LE héros de mon enfance. Vous savez, cette période de l'enfance si particulière où l'on sait tout juste déchiffrer les lettres pour commencer à lire des histoires tout seul, où le merveilleux va encore de soi, où l'absurde est évident, où la morne réalité définie par les adultes n'a pas à être la seule existante. Je n'avais que deux albums à portée de main, mais je les lisais inlassablement... Philémon et le naufragé du A est dans l'ordre de parution celui qui a permis toute la série. Bien que découvert sur le tard, j'ai pour lui une affection toute particulière.


Philémon est un personnage naïf vivant à la campagne, toujours juché sur son âne Anatole, prêt à croire tout ce qui se déroule sous ses yeux. Dans Le naufragé du A, le voilà qui, tombant au fond d'un vieux puits, finit échoué sur les rives du "A" du mot Atlantique, où des horloges explosives jaillissent de terre, où les licornes surgissent d'un trou, où une cahute correctement arrosée devient un palais avec 832 chambres, où les navires-bouteilles voguent sur les flots, échappant de justesse aux lampes naufrageuses...


L'univers de Philémon, c'est un dessin qu'on déteste ou qu'on adore, naïf, maladroit et poétique à la fois, foncièrement attachant. L'univers de Philémon, c'est un mélange de peintures de Dali en BD et de mondes parallèles à la "Alice au pays des merveilles" où des histoires absurdes et pourtant logiques s'enchainent, avec un Philémon bringuebalé d'un bout à l'autre...


Je ressors toujours d'une aventure de Philémon un peu ivre et abasourdi, subjugué par ce délire avec cette envie subite de la relire immédiatement. Si vous ne connaissez pas encore, il faut au moins essayer, en commençant par ce tome. Si vous êtes séduit, les mondes des lettres A.T.L.A.N.T.I.Q.U.E s'ouvrent à vous...

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le 28 déc. 2011

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Hypérion

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