Entre 2005 et 2007 la collection Angle Comics de Bamboo aura explosé en plein vol à peine lancée : une trentaine de titres, quelques artistes reconnus aux commandes mais aussi quelques projets plus difficiles à faire exister sur les étals des libraires et des bibliothèques.
C’est le cas de ce Proximity Effect, du label Top Cow de chez Image. Les deux premiers (et seuls) épisodes furent publiés sur internet, avant d’être édités en album avec une histoire inédite que reprend Angle Comics.
L’oeuvre ne peut pas compter sur le nom de ses scénaristes (Scott Tucker et Aron Eli Coleite, sur une idée de Roger Mincheff) ou de son dessinateur (David Nakayama) et le projet semble plutôt une initiative de Top Cow pour donner à ses jeunes protégés une occasion de se faire connaître. Un point de départ qui est alors complètement affranchi des grosses licences de l’éditeur (Witchblade, the Darkness, Cyberforce, etc.).
Pourtant, avec l’énergie de ceux qui ont tout à prouver, le titre a quelques atouts pour lui. Sans verser dans le super-héroique pur et dur, en capes et en collants, il applique l’idée de capacités surhumaines d’une manière assez originale. Elle s’appuie sur l’idée de deux personnes compatibles, d’une source et d’un syphon, l’un transmet les pouvoirs mais n’en a aucun, l’autre en bénéficie mais doit rester à proximité de cette personne. C’est le cas de Lisa Torres, petite chanteuse sans grands talents malgré une certaine énergie et de Caleb, taciturne qui lui offre ses nouvelles capacités.
Un duo assez opposé, mais pourchassé par deux entités secrètes, aux idées différentes sur la manière de gérer les capacités de Caleb. Il y est évidemment question d’un complotisme de bon aloi, expliquant que bien des événements le plus souvent dramatiques ont été causés par cet « Effet proximal ». L’histoire bonus offre d’ailleurs une intéressante variation autour de l’assassinat de Kennedy, pourtant habituellement vu et revu dans la pop culture.
Une idée intéressante, avec un duo de personnages centraux complémentaire, assez sympathique. Mais alors que le premier épisode se permettait quelques nuances au sein de son discours, le suivant sombre dans la découverte de l’autre organisation, « pas si gentille », bien évidemment. Et même très méchante, houla. Le tout semble alors bien précipité, comme pour arrêter l’intrigue en cours, et tant pis pour l’extension de l’univers.
Les planches de David Nakayama permettent d’apprécier cette courte aventure, dans un style comics avec quelques accents plus cartoon qui n’a rien de vraiment audacieux, mais suffisamment réussi. A noter que pour l’histoire supplémentaire, c’est toute une autre équipe aux commandes, avec Paul Smith, Aron Eli Coleite et Seth Englehard au scénario et Nicola Scott au plumeau, plus réaliste mais qui s’en sort aussi bien.
Proximity Effect semble donc être une porte ouverte aux jeunes créatifs de Top Cow de se faire les dents, dans l’hypothèse peut-être de développer l’univers, ce qui n’arrivera pas. L’ensemble reste tout de même suffisamment distrayant, grâce à des personnages suffisamment développés, un contexte intéressant et des péripéties nombreuses, même si trop vite et trop bêtement expédiées sur sa fin.