On avait laissé une intrigue en bien mauvaise posture : elle pataugeait dans des planches de trois cases, alignait les paragraphes de texte pour pouvoir avancer, brassait une flopée de thèmes sans s’assurer de prise sur aucun… Bref, qu’il eût ou non senti venir le passage de la trilogie à la tétralogie, le lecteur en avait suffisamment subi pour attendre des éclaircissements de ce « Quatrième acte ». (Encore fallait-il un certain courage : suivre au fur et à mesure la parution de quatre albums de ce genre implique de relire le premier à la sortie du deuxième, le 1 et le 2 à la sortie du 3, etc. Avec Bilal le généreux, il faut se montrer vaillant.)
De ce point de vue, Quatre ?, à la fois synthèse et conclusion de la « Tétralogie du monstre », recolle les morceaux. On y trouve une redéfinition claire et progressive de l’identité des personnages. Nike, Amir et Leyla se retrouveront réunis comme prévu, mais pas avant d’avoir reconstitué le puzzle. Et si ce quatrième épisode est probablement celui de la série qui a le titre le plus approprié, je continue à penser que le vrai quatrième n’est pas la plate Sasha, qui n’aura finalement jamais trouvé de place dans le système des personnages — je doute que ce soit un choix de Bilal —, mais Holewar / Warhole, qui en gagnant un visage et — certes un peu artificiellement — un passé, prend enfin l’envergure qu’il avait en germe.
En dehors de cela, la différence entre cet album et les trois précédents tient au statut qu’y tient l’avenir — rappelons que l’histoire se déroule vers 2026. Jusque là, il s’agissait de science-fiction : la biotechnologie, les voyages spatiaux, tout ça. Avec Quatre ?, on est davantage dans l’anticipation : place de la religion, statut de l’individu et guérilla sociale mondialisée. Ça donne incontestablement un peu d’ampleur au propos.

Alcofribas
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le 4 nov. 2015

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D'autres avis sur Quatre ? - La Tétralogie du monstre, tome 4

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