Akame Ga Kill est un manga apparu en 2010 que je n'ai découvert que très récemmment. (qu'il m'est arrivé 100 fois de confondre avec Kill la Kill, autre œuvre que je dois encore découvrir.)
Le Manga nous raconte l'histoire classique d'un jeune de la campagne profonde qui se décide d'aller faire fortune à la capitale pour permettre à son village de sortir de la famine. La capitale n'est pas un lieu idyllique, mais un endroit rongé par le crime et la corruption et où l'armée révolutionnaire combat de l'intérieur les ténèbres de l'empire avec son escouade d'assassin : Les Night Raid.
Si l'histoire peut sembler être celle d'un nekketsu classique avec son héros, son monde peuplé de puissants artefacts magiques. Akame Ga Kill décide de traiter cette histoire d'une manière plus réaliste et moins comique/grandiloquent que les autres œuvres du genre. Ici, tous les artefacts, toutes les techniques ne servent qu'à une chose : Tuer ou faire souffrir. Chacun d'eux à un coût qu'il faut payer. De la même manière, un gouvernement et les autorités ayant sous la main une telle puissance peuvent tout se permettre. C'est donc un manga qui se révèle être extrêmement sérieux dès le premier tome.
Toutefois, si l'univers a l'originalité de choisir cette voie, on peut déplorer que la plupart des personnages n'évoluent pas en conséquence. Les membres de l'armée révolutionnaire (3 membres exceptés : Chelsea, Mein et Ravac) sont lisses, trop lisses. Dès le premier tome, on connaît la personnalité de chacun et leur rôle dans le groupe (le pervers,
le courageux etc.). Ils ne changeront pas d'un chouïa malgré les épreuves. On s'attache à eux, mais plus pour ce qu'ils représentent que pour ce qu'ils sont.
Du côté des méchants, c'est mieux, surtout avec les Jaegers, Némésis de Night Raid, qui révèlent des personnages aussi ambigus dans leurs sentiments qu'attachants. Je marquerais cependant ma réserve sur le personnage d'Esdeath qui avait un vrai potentiel, mais qui se révèle à la fin assez décevant, lui laissant simplement le rôle de grande méchante. La police secrète a le mérite de proposer de vrais méchants, assez convaincants quoiqu'un peu trop extrême à mon goût.
Découlant des deux point précédent, on assiste à la meilleure qualité d'Akame Ga Kill : ses combats. Jamais aucun manga ne m'aura autant pris aux tripes quant à suivre et connaître l'issue d'un combat. Tous les personnages peuvent mourir et toutes les blessures sont réelles et prises au sérieux. Chaque coup est fait pour être mortel. De plus, les combats étant la plupart du temps sous la forme de duel, on sort du simple affrontement entre le bien et le mal et on entre dans l'opposition de deux êtres humains, avec leurs rêves, leurs aspirations et leurs sentiments. Et de ces combats, on espère parfois qu'il n'y aura aucune victime. Peine perdue. Cerise sur le gâteau, les combats peuvent survenir même quand on s'y attend le moins, par extension : la mort aussi.
D'ailleurs, Akame Ga Kill joue beaucoup les préjugés sur les nekketsu. Des protagonistes présentés comme étant surpuissant se retrouvant battu en une page ou encore l'attente d'une action héroïque lorsqu'un personnage s'apprête à mourir, attente qui se révèle finalement vaine.
Néanmoins le point qui me dérange, c'est que l'oeuvre est un exemple de manichéisme. L'armée révolutionnaire est à la limite d'être une équipe de bisounours. Les membres corrompus de l'empire sont vraiment des méchants à la limite de la caricature. (qui énuclent des petites filles pour lécher leurs yeux...)
Ce manichéisme est d'autant plus rageant qu'il dessert les personnages principaux, les rendant lisses, artificiels, ne remettant jamais en compte le bien-fondé de leurs actions (contrairement aux Jaegers qui sont cabossés, meurtris et humains finalement). Une armée révolutionnaire un peu plus questionnable sur ses actions ou fleuretant avec la ligne du terrorisme pur et simple aurait été un grand plus pour le manga. Non seulement, il aurait transmis un message fort sur le nihilisme de la guerre et des combats en général, mais en plus, il aurait amené Night Raid à se questionner sur leurs propres actions et à les rendre finalement plus humain, plus torturé rendant les combats encore plus intense.
Cette lutte contre le mal atteint son paroxysme dans le combat final des deux derniers tomes, aussi mou qu'inintéressant, car on perd les enjeux qui faisaient la force des combats précédents. On assiste à un déferlement de puissance, réunissant des milliers de protagonistes, complétement à l'opposé du cadre intimiste et du minimalisme des combats précédents ce qui laisse un petit goût amer.
Ma déception concernant Akame Ga Kill vient plus donc de ce que l'œuvre aurait pu être au vu de son potentiel plutôt que ce que le média offre réellement. C'est très moderne, intelligent sur le développement des antagonistes, les combats, la création de la tension, mais aussi très classique sur tout ce qui ne concerne pas les affrontements.
Les duels sont grandioses, le manga prend aux tripes et on a plaisir(et déplaisir selon les scènes) à le lire pendant les 13 premiers tomes (Les deux derniers, hormis l'épilogue sont plutôt oubliable). Honnêtement, j'ai passé un excellent moment lors de ma lecture et le conseille chaudement. (Je pense même relire certains combats pour retrouver ce frisson qui m'a parcouru au fil des pages et il me tarde de voir l'adaptation anime, particulièrement au moment des combats.)