Troisième marche de l'Enfer
Au dernière nouvelle, le troisième tome devait être celui de la maturité. Constat mitigé cependant suite à sa lecture. Entre Enfer et Paradis, je vous propose une réflexion sur ce purgatoire qu'est le tome 3.
Déjà, permettons nous de passer vite fait dessus, le dessin est nickel ! Le style graphique de Capullo et McFarlane fait des merveilles, on adore ! Le monde de Spawn a désormais son look à lui, son style, sa façon d'être. On va le voir d'autant plus que tout le bestiaire passe dans ce tome, Malebolgia comme les Anges ont désormais un graphisme d'une beauté rare. Les personnages sont dessinés avec la même patte tout en étant chacun unique. Un tel univers graphique qu'il devient nécessaire de faire évoluer le costume de Spawn vers quelque chose de plus agressif, cela malgré le fait que Capullo soit parvenu à réaliser une costume très classe de la version d'origine. Au niveau dessin, rien à redire, c'est nickel !
Au niveau scénario, ça coince un peu par contre. Pas que ça soit mauvais, mais vous vous rappelez peut être de ma critique du second tome (sinon, je vous invite à la découvrir) où j'expliquais que le problème du second tome est qu'il nécessite une lecture parallèle de la mini-série Violator ... Là c'est pareil, mais en pire ! En effet, il est IMPOSSIBLE de comprendre l'histoire uniquement ce tome, les séries Violator, Angela et Youngblood sont nécessaire pour une compréhension. Je vous rappelle au passage que le personnage d'Angela, absolument vital dans ce tome (sans être présente mais mentionnée tout le temps) n'a pas encore été vu dans les tomes Delcourt, en effet, elle fut absente du tome 1 pour des raisons judiciaires et depuis on ne l'a pas revu Un beau bordel ! Sans la série Youngblood on ne peut comprendre réellement ce qui est arrivé à Chapel (qui s'est suicidé) et pourquoi il a tiré sur Bobbie, l'ami d'Al.
Le gros soucis c'est l'absence de la série Angela. En effet, dans cette mini-série, Spawn était téléporté au ciel et son costume vivait mal l'agression céleste. Résultat, entre deux chapitres dans le tome 3, toute l'aventure avec Angela a lieu et donc on ne comprend rien. On retrouve Al Simmons a l'autre bout des Etats-Unis avec un costume en loque.
En réalité cette mise à mal de son costume est le premier pas vers une évolution radicale qui aura lieu dans ce tome. Le rendant à la fois plus puissant, plus dangereux mais aussi plus classe. Bref, si on oublie les cross-over, on se retrouve avec un Spawn qui doit traverser les USA pour rentrer chez lui à New-York, l'occasion de croiser la route d'enfants battus par leur père et du KKK. Si la seconde histoire est stéréotypée et sans véritable intérêt (bien qu'offrant une réminiscence du personnage de Chapel, censé être mort depuis peu), la première est terriblement touchante, montrant que sans le savoir, Spawn ne fait qu'agraver les situations, c'est un rejeton de l'Enfer, il ne peut sauver les âmes, seulement les damner.
Globalement vous l'aurez compris, les Cross-Over font perdre de la compréhension à la lecture et rendent donc ce tome moins bon que ce qu'il devrait. Pourtant, dans le même temps les choses avancent. Les retombés de l'affaire Fitzgerald, avec un Terry terrorisé par ce qui s'est passé et une Wanda qui va essayé de retrouver Spawn pour le remercier. Pourtant, terrifiée par la cruauté de Spawn envers les criminels, elle fuie, horrifié par ce monstre, sans savoir qu'il s'agit de son ancien mari. Là encore, la grande mécanique du destin se met en place de manière divine.
Ce tome nous invite aussi un nouvel ennemi de Spawn : Curse, un chrétien fou qui pense que c'est sa mission de détruire le Hellspawn. Dans le même temps il y a une monté des révélations grâce à Cogliostro, l'allié de Spawn qui en sait tant sur le monde Infernal. Et comme si ça ne suffisait pas, l'auteur nous offre le retour de l'Anti-Spawn, renommé pour l'occasion "Rédempteur". On va même s'inviter au QG des anges, découvrir Gabrielle et Raphaella avant de voir la dernière incarnation de Dieu, pour le moins surprenante. Comme vous le voyez, Spawn s'éloigne des délires mafieux des premiers tomes pour monter vers l'aspect cosmique. Dans le même temps pourtant, les problèmes politico-mafieux sont encore en place via Terry. Ennemi humain pour un être humain, ennemis divins pour un démon. On apprécie bien plus cette répartition des problèmes.
Véritablement ce tome aurait put être génial sans les cross-overs qui rendent la lecture non pas impossible, mais diminuée. Pourtant, il garde un excellent niveau, une qualité indéniable, et le meilleur des 3 tomes à être sorti au moment de sa publication, malgré les difficultés de lectures.
Ce défaut est d'autant plus énervant que le tome contient l'histoire "Blood Feud", écrit par Alan Moore. Vous comprenez, ça me soule que sur les 4 cross-overs nécessaire pour la compréhension de l'histoire (Blood Feud, Violatore, Angela, Young Blood) le tome sacrifie plus d'un tiers pour mettre la moins utile des 3. Pas forcément la moins bonne certes, mais clairement la moins utile. J'aurais préféré avoir Angela. Mais bon passons.
Cet ajout fait perdre des points, pourquoi ? Parce que cette histoire n'est clairement pas nécessaire pour lire le reste (du tome en présence, l'histoire est "relativement" nécessaire pour le tome 4, même si ça reste moins important que la mini-série Angela), c'est un ajout sympas mais qui du coup "parasite" presque la moitié du livre et donc une bonne partie de potentiel chapitre. Léger regret donc. Dans le même temps, le style graphique est proche, mais pas aussi moderne que le tandem Capullo-McFarlane, encore un regret et de taille.
Enfin, Alan Moore est un génie, l'histoire est bien amené, l'idée de base est sympas (intégration de vampire, développement de la symbiote) mais si la partie sur le costume est vraiment cool on peut regretter que l'histoire de l'ennemi vampirique ne soit pas si bien géré, notamment avec une fin en queue de poisson. Vraiment regrettable.
Du coup on passe d'une histoire à 8 vers une autre à 6, je met donc 7 de moyenne car ce fut une perte pour moi, on aurait du rester au même degré de qualité.
Heureusement, les cross-overs se finissent, les histoires annexes aussi, Spawn ne cesse de monter, le tome 3 était bon, très bon même, mais je le sens, le tome 4 sera une tuerie sans nom !
