Saga Valta, tome 1 par Eric17
« Saga Valta » est une nouvelle série née de l’imagination de Jean Dufaux. Ce scénariste est célèbre pour des sagas telles que « Murena », « Djinn » ou « Barracuda » pour citer celles que j’ai lues récemment. L’histoire se décompose en deux tomes dont le premier est apparu dans les librairies au mois de mai dernier. Il est édité chez « Le Lombard », se compose d’une grosse cinquantaine de pages et a un prix proche de quatorze euros. Pour illustrer son œuvre, Dufaux s’est associé à Mohamed Aouamri qui s’est chargé des dessins. BenBK s’est vu confier le travail sur les couleurs. La couverture nous plonge dans une forêt inquiétante et obscure. Seuls deux personnages ont droit à la lumière. Il s’agit de Valta, puissant guerrier et une femme aux courbes ravissantes et à la tenue légère. Une plongée dans la fantasy semble s’imposer. Ce n’est pas pour me déplaire…
Le site BDGest propose le synopsis suivant : « Venu de Valta, Valgar le viking est aussi brave que séduisant... des qualités qui n'ont pas échappé à Astridr, la fille de Thorgerr aux cents guerriers. De leur union naît Gunnar, mais ce bonheur est d'extrêmement courte durée, car le père furieux rattrape le couple maudit quelques minutes après que leur amour a porté son fruit. En fuite, Valgar ne doit sa survie qu'à la lance qu'il porte, artefact légendaire qui attire l'attention du monstrueux Ogerth-le-sinueux. Ce dernier lui laisse la vie, contre la promesse de lui ramener un manteau rouge. Et Valgar aurait accepté n'importe quel marché pour pouvoir venger son bonheur perdu ! »
Dès les premières pages, j’ai eu le sentiment d’être plongé dans un univers proche de celui de séries telles que « La quête de l’oiseau du temps ». Bien que j’ai entendu une interview de Dufaux niant ce cousinage, je trouve que l’atmosphère et l’intrigue sont proches de ces grandes sagas historiques de la fantasy. On nous y contait des épopées menées par des héros tourmentés. L’ambiance des séries de fantasy a pris un tournant suite au succès de « Lanfeust de Troy ». L’aventure et l’humour y cohabitent maintenant aisément. « Saga Valta » n’est pas fait de ce bois-là et se montre plus proche de la vieille école. Cela a pour conséquence de ravir davantage un public adulte qu’un lectorat plus large habitué des sagas de fantasy actuelle. Il ne faut voir dans cette remarque ni critique ni louange mais un simple constat.
Très rapidement, je me suis laissé prendre par cette histoire. Elle se construit autour du personnage de Valgar qui a toutes les qualités pour nous être sympathique. Il est valeureux et courageux. Il a épousé une femme qu’il aime. Il se donne pour mission de les retrouver à tout prix. Bref, il s’agit d’un héros au sens le plus noble du terme. On suit donc ses rencontres et ses pérégrinations avec curiosité et intérêt. Elles génèrent bon nombre de rencontres. Ces dernières permettent de découvrir le fonctionnement social dans lequel se déroule l’intrigue. Les codes de la fantasy font que l’atmosphère est sauvage et médiévale sur certains points.
Néanmoins, malgré la densité de personnages, l’intrigue ne prend pas l’ampleur épique qu’on aurait pu attendre. A ce niveau-là, le fait que « Saga Valta » soit un diptyque empêche la trame de prendre totalement son envol. Finalement, ce premier tome trouve un rôle bien défini. Il nous présente les lieux, les personnages, les tenants et les aboutissants mais nous laisse au moment où les choses s’apprêtent à passer un cap. Il faudra donc attendre la suite pour se laisser totalement emporté. Cela ne veut pas dire que la narration soit diluée. Elle s’avère finalement assez factuelle et dense. C’est plutôt la dimension émotionnelle qui n’apparait pas aussi fortement que les premières pages auraient pu le laisser supposer.
La qualité du voyage est amplifiée par le talent de dessinateur de Mohamed Aouamri. Je découvre son travail à l’occasion de cette lecture et je suis loin de regretter la rencontre. J’apprécie beaucoup son trait qui me rappelle certaines lectures de mon adolescence. Les personnages sont aisément reconnaissables et possèdent une identité graphique forte, qu’ils soient importants ou secondaires. De plus, le travail sur les couleurs permet de donner une vraie variabilité entre les scènes nocturnes et inquiétantes et les scènes lumineuses et rassurantes qu’on peut trouver auprès d’un âtre par exemple. Certaines planches sont de petits bijoux qui nous emportent dans l’univers des auteurs sans mal.
En conclusion, cet ouvrage est réussi. Sa construction narrative est solide. L’intrigue est dense et bien rythmée. A cela, s’ajoute un travail sur les illustrations remarquables. Il s’agit à n’en pas douter d’une lecture de bon acabit qui ravira les adeptes du genre. Le seul bémol qui l’empêche de passer un niveau supérieur est le manque d’épopée qui prend le lecteur aux tripes. Mais je ne désespère pas que cet aspect gagne en force dans le deuxième et dernier acte. Pour cela, il ne me reste plus qu’à en attendre la sortie. Mais cela est une autre histoire…
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