Solanin, tome 1
7.7
Solanin, tome 1

Manga de Inio Asano (2005)

"Devenir adulte, juste comme ça ..."

Joni Mitchell - All I Want.


Je parle ici de l’œuvre intégrale, j'ai attribué neuf au second tome, pour ceux qui s'interrogent.


Inio Asano a aux alentours de 25 ans lorsqu'il écrit et dessine Solanin, quelque part en 2005. Il évoque un sujet qu'il connait, qui le touche et qui parle à travers lui d'une génération, ou plus généralement d'une jeunesse. Il le fait à travers une tranche de vie aussi touchante que banale. Une tranche de vie très humaine, somme toute.


On retrouve un jeune couple ordinaire, curieusement proche de la réalité, un peu paumé, un brin marginal et en décalage avec la société, cherchant sans trop y parvenir à comprendre ce qu'on attend d'eux avant de décider si oui ou non. Meiko travaille dans un bureau comme employée, sans que cela lui plaise, traverse la vie en se demandant vaguement ce qu'elle doit y faire. Jusqu'au jour où elle démissionne soutenue dans sa démarche par son petit-ami, Taneda, vaguement employé à l'occasion pour quelques illustrations, Freeters avec ses potes Kato et Crack. Les trois adulescents poursuivent leurs rêves musicaux en continuant tant bien que mal les répétitions de leur groupe de rock. Le couple dispose de petites économies, pour une parenthèse d'un an et se laisse voguer au gré des espoirs du groupe. Taneda vit à travers sa musique, semble se laisser porter.


L’œuvre tire une grande force de ses personnages qui semblent dériver sans buts, se chercher et évoluer au fil des saisons, profondément humains, faillibles et hésitants dans les petites imperfections d'un quotidien si proche de nous et touchant à la fois. On s'identifie pleinement à ces adultes par défaut, ces êtres qui se cherchent une place, qui se demande si vivre ses rêves doit être le leitmotiv de notre existence ou si le fait de se laisser porter doucement et de trouver notre joie dans les petits bonheurs de la vie n'est pas finalement le plus beau. Le découpage classique laisse la part belle à de grandes cases, quelques unes composées de quelques mots en blanc sur fond noir traduisant les pensées de Meiko.


À l'aide d'un style graphique traduisant pleinement la beauté du quotidien, d'une histoire simple et touchante sur des personnages aussi hilarants qu'attachants, Asano touche de la plume l'essence de cette routine tranquille qui en un instant peut basculer, chambouler notre monde, séisme personnel d'une magnitude colossale tandis que le monde continue, imperturbable, de tourner.


Solanin c'est la beauté tranquille d'un quotidien, la force de nos interrogations et de nos doutes, c'est une œuvre sur le passage d'adultes à l'âge adulte, sans renier ce qui fait encore d'eux des enfants.

Petitbarbu
8
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le 4 sept. 2016

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