Comme une boule de pétanque

En matière de mégastructure, j'ai deux absolus, Girls' last tour (dont vous pouvez lire ma critique) et Blame! (dont j'attends une relecture pour notez précisément l'œuvre). Pourquoi ces deux-là ? Eh bien parce que quand on les lit, on vit la mégastructure, on la ressent, elle nous engloutit dans son abysse gargantuesque de tuyaux et de ruines. Terrarium lui, se contente de l'ennui plat et de jolis dessins.

20 ans, c'est le temps dont se targue Hirasawa d'avoir allouer à son œuvre. Moi, ces 20 ans, je ne les ai pas ressenti dans l'apport d'une réflexion profonde sur l'humanité ou d'une histoire passionnante, j'ai plutôt eu l'impression de lire une copie mal rédigée d'un collégien sérieux mais un peu bête qui récite son cours par cœur. Toutes ces pseudos-réflexions, tous ces espèces de twists fades, toutes ces conclusions bienheureuses et niaises, toutes ces dynamiques de personnage nulles, tous ces messages benêts, Terrarium ne dure que 4 tomes mais il m'a épuisé par son ennui. L'arcologie, ça semble pourtant super intéressant, un monde gigantesque, une grande guerre, il y avait de quoi faire normalement... Après bien sûr, il arrive que ça touche juste et que certaines idées vous intéressent mais en général, que ce monde va sonner creux.

Ma question en écrivant cette critique, c'était ça, même s'il est mal raconté, même s'il est un peu horripilant, comment ce monde qui semble si intéressant sur le papier et en plus pas du tout déshonoré par le crayon de l'auteure peut-il sonner aussi creux ? La réponse est en fait assez simple, c'est parce que l'arcologie s'impose à nous. Comme dans un musée, on est accompagné de nos deux guides, Chico et Pino qui connaisse par cœur l'arcologie et ses tenants et aboutissants qui ont comme mission de sauver l'humanité (rien que ça...) en restaurant l'alimentation de l'arcologie qui est en chute libre depuis quelques années. Cela, vous l'apprendrez au bout de 50 pages et on vous le répétera tout au long des 4 tomes. Tout au long de l'aventure, la caméra sera zoomée en plein milieu des protagonistes qui savent exactement où ils sont et où aller. Vous avez vu ces moulins dans cette maison ? Que vous les ayez vu ou non, vos guides se feront une joie d'en expliquer tous les détails à la page d'après. Ce monde vaste, on ne vous laisse pas le découvrir, vous familiariser avec, on vous le martèle à la tronche jusqu'à ce que ça rentre et puis on continue à avancer dans l'histoire. De colonies en colonies, de robots en robots, de combats médiocres en combats médiocres (je ne m'étendrais pas sur le sujet, j'avais largement préféré les combats aériens de sa dernière œuvre), vous ne rencontrerez que des explications ou des histoires pourraves à la conclusion niaise (et qui en plus sont carrément abusées en termes de circonstances originelles, par exemple le fameux dilemme cornélien entre faire souffrir le martyr à sa sœur pendant 20 ans ou lui injecter des machines qui ont 5 ans de batteries en stock et dont il suffit de trouver un chargeur).

L'arc final aussi déçoit, car même si j'ai plutôt apprécié cette histoire de conscience collective et de consommation énergétique, j'ai trouvé la conclusion simpliste et fainéante et, mais vous deviez vous en douter, horriblement niaise.

En termes d'histoire, Terrarium est navrant, en termes de combat, Terrarium me perds et me fatigue, en termes de personnages, Terrarium est fainéant. Cependant, Terrarium est la preuve vivante de l'importance de bien savoir découper et mettre en scène ses planches, et ça, ce n'est pas 20 ans de lecture sur l'arcologie qui vous l'apprendront.