Les New 52 ont donné naissance à beaucoup de choses, bonnes (tout l’arc Earth 2 et ses suites sont vraiment sympa, par exemple)… et parfois pas du tout. The Movement tombe plutôt dans cette seconde catégorie.

L’histoire se déroule à Coral City, une ville complètement corrompue, obéissant aveuglément à un promoteur immobilier qui traite les pauvres comme du bétail et qui a privatisé la police. Un groupe composé essentiellement d’ados para-humains se forme alors afin de lutter contre les sales bourgeois et de répandre le mouvement façon Anonymous dans toute la population. Et c’est assez nul.

Bon, au début ça semble sympa, des héros très à gauche c’est rafraichissant, on sent presque le grand soir arriver… Sauf que pas vraiment. On sent surtout la série pour ados mal dans leur peau en fait, dans le mauvais sens du terme, c’est-à-dire dans celui du ciblage maladroit. Et c’est pas parce que les méchants les traitent de sales socialistes et que les héros apprennent à des enfants à lire dans les égouts que ça y change quoi que ce soit, en fait c’est limite insultant pour le lecteur tellement c’est racoleur. La maladresse ne s’arrête pas là, puisque politiquement correct oblige, notre belle équipe de héros est un groupe ridiculement diversifié : une black lesbienne avec des pouvoirs proches de ceux des GL, une latino qui fait trembler la terre et qui s’autoproclame asexuelle, une asiatique bricoleuse expéditive qui… ben c’est tout en fait, bonjour la complexité du personnage, un gosse de riches (mais il adore les ordures donc on le pardonne) qui contrôle les rats et qui à défaut de pouvoir se taper la belle latino est contraint de se taper une grosse moche qui apparait en tout et pour tout dans deux cases juste pour caser le crado (la morale de l’histoire c’est que les beaux vont avec les beaux et que les moches finissent ensemble, retenez bien ça la jeunesse !) et un amish gay possédé par le démon qui était torturé dans sa communauté par des anges et qui peut enfin devenir lui-même en arrivant en ville. C’est… tellement maladroit que ça en devient extrêmement puant tout ça. Surtout cette obsession maladive pour l’orientation sexuelle des personnages, qui est d’ailleurs hélas assez courante dans les New 52 (on s’en fout que tel ou tel soit hétéro ou homo non ? À moins qu’une romance intéressante ne se noue, ils peuvent bien tous ranger leurs divers appareils génitaux à leur place). Du coup on part d’une série qui aurait pu se défendre vaguement à un ramassis de clichés politiquement corrects qui veulent se faire passer pour contestataires alors qu’il s’agit juste de faire du chiffre. C’est tellement ironique. Vive la lutte des classes ! Wait what ? N’oublions pas aussi la brochette de vilains la plus anticharismatique et inutile de l’histoire, ainsi qu’un commissaire de police qui ferait passer le flic de Arrow la série télévisée pour le mec le plus compétent de la planète tellement il est moisi. Black, bien sûr, car les gentils flics sont tous blacks/latinos/asiatiques dans cette série, tandis que le flic ripou est un grand casseur blond. Mon petit-frère de douze ans aurait pu pondre un scénario moins cliché et plus intéressant d’une main en jouant à Minecraft de l’autre. Faudra aussi qu’on m’explique pourquoi il a fallu absolument proclamer arbitrairement que Coral City était une ville encore plus corrompue que Gotham, ce n’est ni cohérent, ni utile au scénario, en plus d’être assez peu vrai (sérieux, les mecs ils font la soupe populaire, ils causent tranquillement autour d’une glace… et il se passe rien. Tu fais un truc de ce genre à Gotham, tu te fais braquer à trois reprises, la troisième fois par un costumé qui te fera respirer un gaz louche…). C’est juste encore du racolage, pour changer.

Si au moins ils s’en tenaient à leur pitch de départ (le mouvement social contre le système), on pardonnerait les ratés. Mais non ! La série n’exploite pratiquement pas ces thèmes, et se contente juste de faire la morale à Batgirl (méchante fille de la classe moyenne, méchante !) en passant, ce qui ne fait que démontrer la condescendance et la superficialité de l’ensemble. Le reste c’est des affrontements approximatifs insérés de force dans l’histoire (ouuuuh les méchants mercenaires, agrougrou !) et des tirades vaines sur l’amitié.

Ah, le dessin. Correct. Par moments. Assez moyen la plupart du temps, voire dégueulasse parfois, mais le design de certains personnages fonctionne (Virtue et Katharsis notamment – notez au passage la fabuleuse recherche au niveau du choix des noms, il y a du niveau), ce qui ferait presque oublier la médiocrité de l’ensemble. Presque.

Je vois d’ici ce qu’on va me dire : ouais mais c’est une série pour ados t’vois, t’es juste pas le public-cible, c’est pour ça. Ouais mais non. Qu’on fasse du ciblage, fondamentalement j’ai rien contre. Mais qu’on prenne les ados pour des crétins avec ces conneries de neutralité raciale et sexuelle et des thèmes pourtant si intéressants travaillés à la pisse, je n’appelle pas ça de la série pour ado. J’appelle juste ça du mauvais marketing.

D’ailleurs message aux éditeurs qui travaillent sur les New 52, ils ne liront jamais mais je m’en fous : si vous voulez que les personnages aient l’air plus moderne en vous ouvrant aux minorités, très bien (je trouve ça un poil douteux mais ne chipotons pas, on va dire que c’est l’intention qui compte). Mais par pitié, faites des efforts. Certaines séries ont fait ça sans pour autant que ça ait l’air artificiel. Faut que ça soit naturel, pas mettre des putains de gyrophare (COUCOU je suis possédé par un démon et en fait je crois que je suis gay et mes parents ils disent que Dieu m’aime pas mais je sais pas pourquoi :’( vous voulez être mes amis ?) partout, parce que là c’est quand même sérieusement offensant. Vous imaginez les gosses qui passent par là ? Qui ont déjà une mauvaise image d’eux-mêmes et/ou de leur famille ? « Cool, un personnage qui a une vie aussi pourrie que moi…. Ah mais en fait il sert à rien dans le groupe. Son seul trait de caractère c’est qu’il est pédé, autrement il est con comme un manche, dénué d'esprit critique et d’un naturel soumis. Ah. Bon ben merci, je vais me pendre hein, see you in hell ». Si c’était pour faire un truc aussi peu subtil et pourri, il aurait mieux valu s’abstenir. Du coup, pour continuer sur cet exemple (je parle de Burden donc, un personnage de l’équipe aussi calamiteux qu’inutile dans l’intrigue – c’est juste un tank quoi, Hulk en moins drôle), on se demande en fait s’ils l’ont rendu gay pour relever un peu la personnalité du personnage (ce qui est plutôt douteux) ou qu’ils ont carrément créé le personnage pour qu’il y ait un gay dans l’équipe (encore plus douteux). Ces Américains et leur obsession du politiquement correct…

Non, sérieusement, même des trucs comme Demon Knights paraissent bien à côté de The Movement. Passez votre chemin.
Antevre
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le 22 janv. 2015

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