Un ''choc'' pétrolier avant l'heure.

C'est ainsi que je nommerai ce récit en raison des sabotages commis en vue de rendre le carburant inutilisable.

La situation en Europe est tendue et on craint une guerre. Tintin va mener une enquête qui va le conduire au Moyen-Orient. Les Dupondt se verront confier une mission également en Arabie voire aussi le capitaine Haddock qui est mobilisé par le gouvernement.

Nos amis auront affaire à un certain docteur Müller déjà rencontré dans l'île noire et qui agit pour le compte d'une puissance économique redoutable.

Le récit est riche en rebondissements avec les scènes des Dupondt en jeep dans le désert qui sont mémorables.

Notons qu'il existe deux versions parues en album, la première datant de 1950 et la suivante de 1971 où l'histoire a été pour la partie maritime et l'arrivée au Moyen-Orient modifiée suite à la demande de l'éditeur britannique. Dans la première version nos héros arrivent à Haïfa et Tintin est confondu avec un membre de l'irgoun qui lui ressemble tandis que dans la seconde version ils arrivent au Khemed, état dirigé par un Émir qui a comme rival un Sheik : Bab El Ehr.

Je recommanderai la version de 1950 assez proche de l'actualité où Hergé a repris des dessins issus de la version inachevée en 1940 avant d'y revenir quelques années plus tard et où on note un contraste entre le style des années 40 et celui d'après guerre un peu plus moderne au niveau des dessins.

On notera l'apparition d'un personnage unique dans son genre avec son fils turbulent : l'Emir Ben Kalish Ezab et le jeune Abdallah. On a droit avec ce dernier à des dialogues assez savoureux avec le docteur Müller. Hergé se garde d'expliquer la présence du capitaine Haddock à la fin du récit. Mais on peut supposer que sa mobilisation ait un lien avec l'Emir pour trouver un moyen de se faire approvisionner en carburant.

Hergé n'avait pas tenu à révéler la raison de la présence du capitaine Haddock dans la dernière partie du récit car le récit n'avait pas été prévu pour lui. Le capitaine du Speedol Star pourrait expliquer la volonté de Hergé de mettre au point son futur personnage car comme Haddock celui-ci a un fichu caractère et on le voit loger brutalement les Dupondt pour manque de respect.

L'agent irlandais devenu fou à bord du Speedol Star pourrait être un des complices du docteur Müller et être aussi un trafiquant de stupéfiants vu qu'on avait trouvé de la cocaïne dans la version inachevée alors qu'on avait trouvé des documents secrets dans la version 1950 puis dans la version 1971 cocaïne et documents secrets. Dans la version 1950 cet agent est identifié lors de l'interrogatoire des Dupondt chez le commandant britannique Thorpe. L'officier arabe qui le remplace dans l'édition de 1971 lui ressemble un peu.

Le récit est assez riche en rebondissements avec les Dupondt qui se perdent en jeep ( ils tournent en rond) ou qui tentent de se baigner en vain.

Les décors sont quant à eux très soignés que ce soit dans le désert, au palais de l'Emir ou chez le professeur Smith. Hergé aura dressé du Docteur Müller un portrait un peu plus honorable tout en le vieillissant un peu et en lui donnant un look proche de celui du capitaine Haddock en tenue d'équitation avec une cravache quand il quitte le palais de l'émir. Abdallah ira jusqu'à lui démolir un véhicule flambant neuf en provoquant un accident.

On notera une sympathique couverture mettant en avant Tintin au volant d'une Jeep, ce qui fait penser à celle de Tintin au Congo avec la Ford T. L'encadrement de la couverture par une arche de style arabe en fait une couverture originale.

Un album à part à découvrir !