Avant d'ouvrir l'album je me suis rendu compte que je n'avais pas gardé de souvenirs de cette aventure. Je savais que ça parlait de pétrole (mais avec un titre pareil...) je savais que Müler était de retour, je savais qu'il y avait des mirages, un désert, et puis curieusement, les cheveux des Dupondt m'étaient familiers, mais je ne me souvenais pas que c'était dans cet album ci.


Après lecture, j'ai compris pourquoi je ne me souvenais de rien d'autre. En fait, pour une aventure, il ne se passe pas grand chose (le summum de l'action consiste en l'enlèvement d'un fils d'émir et ça arrive dans les dix dernières pages). Avant cela Tintin enquête sur l'explosion du pétrole ... au sens propre. Certes on peut dire que c'est d'actualité, puisqu'aujourd'hui encore des gens se battent pour le contrôle de cette source d'énergie. Mais et alors? Ça ne suffit pas pour faire une bonne histoire. Quant aux cheveux des Dupondt, je me souviens maintenant que c'est plutôt la rechute dans l'espace qui m'avait marqué.


Revenons à la critique de l'album. Déjà, Capitaine est absent de quasi l'entièreté de l'album. C'est assez étrange. J'ai cru comprendre qu'Hergé avait écrit un premier jet d'histoire avant la création du personnage; il est un peu dommage que lors de la réécriture, il n'ait pas su l'incorporer dedans. Ou au moins mieux combler son absence. Parce que durant les 30 premières pages, une sensation étrange se dégage de l'histoire: il s'agirait plutôt des aventures de Dupond et Dupont plutôt que de celles de Tintin. Et oui car si Tintin a droit à 2 ou 3 strips par page pour progresser dans la trame, les Dupondt occupent au minimum l'entièreté d'une page pour amuser le lecteur. Ce qui donne un rythme assez inconsistant à l'album. Les gags sont cocasses, mais pas les meilleurs de l'artiste. Et l'histoire passe à la trappe. Trop d'humour ne tue pas l'histoire mais l'empêche dans c cas ci de se développer posément.D'où l'impression qu'il ne se passe pas grand chose.


Graphiquement c'est également assez pauvre. On dirait qu'Hergé s'est tenu à un découpage d'origine. Ainsi, l'auteur renoue avec ses plans 'pied' où le sol=le bord de la case. Et alors qu'il tentait de mettre moins de cases par strips, de nouveau on en a désormais 4 ou 5 assez souvent. Il y a quelques cases qui sont très belles, mais elles sont rare. L'auteur était il déprimé lors de la réalisation de l'album? Jamais ses dessins n'auront été si pauvre. Bon ça reste de la qualité en soi. mais par rapport à tout ce qu'il avait fait avant, même ses vieux albums, c'est faible. Même le canon des personnages est assez irrégulier. Il y a notamment la scène où Tintin retrouve Abdalah: dedans il a l'air d'un enfant de 10 ans qui sermonne un autre de 4... les têtes étant tellement grosses par rapport au corps. Le trait n'est pas savoureux non plus. Il n'y a pas de subtilité dedans, tous les traits on la même épaisseur, c'est plat.


Enfin l'album nous présente un personnage inoubliable: l'espiègle Abdalah! Qui ne se souvient pas de cet horrible enfant capricieux et farceur jusqu'au bout. C'est probablement la partie où Hergé semble se réveiller. Enfin il se passe quelque chose: je veux dire qu'Abdalah lui même vient ajouter une dose de conflit nettement plus palpable que l'enquête passive de Tintin. Abdalah qui aide les méchants mais qu'il faut malgré tout sauver... quel dilemme! Puis Hergé s'amuse à confronter le jeunot et son sale caractère à cet escroc de Müler! On a donc droit à des scènes hilarantes de prise d'otage. Là on est de retour dans le monde d'Hergé! Car enfin l'humour l'aventure et l'émotion refont surface


Bref un album bien décevant mais dont heureusement la fin est assez jouissive.

Fatpooper
5
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le 1 déc. 2011

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Fatpooper

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