Le détective miteux de Lax, abonné aux ratages comme Gaston Lagaffe aux expériences foireuses, renouvelle sa carrière en quittant le milieu un peu étriqué Paris-province. Lax rentabilise ses expériences de voyageur pour assurer un cadre réaliste aux errances de notre corvidé fripé. Le Népal est dessiné avec beaucoup de véracité: ses toits débordants soutenus par des consoles en arcs-boutants, ses moines bouddhistes omniprésents, ses saris, ses balcons de bois, ses petits commerces rudimentaires, ses sols inégaux et empierrés, ses passerelles suspendues dont la moitié des planches a émigré sous d'autres cieux, l'humour et la perspicacité des Népalais, habitués à traiter avec les étrangers, les chortens qu'il faut contourner dans le bon sens (comme le capitaine Haddock), ses sherpas maigres et athlétiques au point de transporter des masses énormes sur leur dos, les torrents à traverser à la démerde...
Le clou du travelling, c'est évidemment la scène de rançonnement par les guerilleros maoïstes, qui, sûrs de leur inscription dans le sens de l'histoire, accordent une reconnaissance de dettes aux touristes qu'ils ont rackettés, à faire valoir auprès du gouvernement maoïste du Népal le jour où il y en aura inévitablement un...
Le monologue ironique et sarcastique du Choucas vaut le déplacement. S'entraîner sur les pentes du Sacré-Coeur pour affronter les sentiers népalais relève d'une bonne volonté assez parisienne. Ses allusions érudites à la littérature policière connaissent un bémol, au profit d'interprétations fort "occidentales" de la mentalité népalaise...
Bon, la conclusion de l'enquête montre toujours la malchance du Choucas, mais au moins on a voyagé un peu...