Voyage aux îles de la désolation - Terres australes, tome 1 par Wayne

Les îles Kerguelen, Crozet, Saint-Paul... Les îles de la désolation. Un froid archipel austral au milieu de nulle part. Lorsque François Lepage, photographe, y part en reportage en compagnie de L'Institut Polaire Paul-Emile Victor (chargé de ravitailler les scientifiques des TAAF - Terres Australes et Antarctiques Françaises) , il propose à son frère Emmanuel, bien connu des bédéphiles, d'embarquer avec lui sur le bateau « Marion Dufresne ». Ce que François capte dans son viseur, Emmanuel le retranscrit en cases et en dessins.
On savait Emmanuel Lepage avide de grands espaces et de terres lointaines. Des décors d'évasion qu'on retrouvait déjà dans ses carnets de voyage américains (publiés en 2003) et qui ont fait le succès des séries Muchacho, La Terre sans mal ou Névé. Mais ce breton n'avait paradoxalement jamais pris la mer ! Il nous embarque avec lui au-delà des quarantièmes rugissants et nous livre avec talent un roman graphique dense, mélangeant récits en BD, paysages peints et croquis faits sur place.
Partant d'une implication personnelle, il décrit les sentiments divers inhérents au passage du fantasme d'un voyage à sa réalité : innocence, enthousiasme, déception, ennui, curiosité, angoisse, fascination... Cette sorte de voyage initiatique, est également didactique ; à travers différentes digressions, c'est une mine d'informations précises sur plusieurs domaines : l'ornithologie, la logistique, la marine, l'environnement, l'histoire... Mieux que n'importe quel reportage, on est immergé dans ce « tourisme » particulier par le ressenti de l'auteur, à travers différentes formes d'expression : vue subjective, croquis, passages où il se met en scène... Evidémment les dessins à la craie, les portraits, les prises sur le vif au crayon et les aquarelles sont superbes et viennent donner de jolies respirations dans l'histoire. Les paysages sont magnifiques et l'humanité des gens authentique. Ainsi on saisit les instants, le quotidien, les discussions, à travers des rituels (le langage spécifique, le courrier, les repas...) et on assiste à l'intégration du narrateur dans cet univers lunaire confiné du bout du monde.
Après ce périple dans les froids extrêmes de l'Antarctique (mais blotti au chaud chez vous !), vous ne pourrez plus confondre un pingouin et un manchot. Avec cette BD-reportage, Emmanuel Lepage a surmonté le mal de mer et a bien mérité son titre de « dessinateur de l'extrême ».
Wayne
8
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le 19 avr. 2011

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