L'homme à l'origine d'un genre et de toutes ses horreurs.

En parcourant le genre J-Horror de prés, que cela soit via les films d'Hideo Nakata (Dark Water, Ring), Kiyoshi Kurosawa (Cure, Kaïro) mais aussi plusieurs oeuvres vidéoludiques telles que Project Zero, Resident Evil ou bien entendu Silent Hill, j'ai noté qu’un nom revenait régulièrement au cours des interviews avec les concepteurs et directeurs de ces oeuvres susnommées. Parfois ce nom était même évoqué par des personnes qui semblent étrangères au genre comme Hayao Miyazaki ou Hideaki Anno, tous disant que l’une de leurs principales sources d’inspiration venait de cette personne, presque inconnue, cet homme c’est Morohoshi Daijiro.

Si ce nom ne vous dit rien c’est normal, il semble être un fantôme part chez nous et est pourtant la racine principale d’une immensité d'œuvres qui définissent le genre horreur au Japon. Son travail semble être passé inaperçu, au point qu'au moment de l’écriture de cette critique nous ne sommes que 3 à avoir noté Yōkai Hunter.

Né en 1949 et issu de la première vague arrivée peu de temps après Tezuka, son dessin ne sera connu que seulement à partir de la parution dans le Weekly Shōnen Jump avec la série Yōkai Hunter. Si vous pensiez que Junji Ito avait tout à vous offrir ou semblait tirer des histoires folles de sa tête, il doit certainement une grande part de son inspiration à Morohoshi Daijiro.

Avec Yōkai Hunter, Daijiro crée pour la première fois un manga qui recolle les mythes, légendes japonaises et vie moderne. La force de ce premier volume de Yōkai Hunter, d’autres suivront, c’est qu’il invente littéralement des récits que l’on retrouvera tout au long des décennies qui ont suivi et confronte le lecteur à une horreur qui peut prendre une multitude de formes possibles, physiques, psychologiques ou mythologiques.

Le traitement de l’horreur sous tous ses aspects des plus étranges ou obscurs donne à Yōkai Hunter une richesse rare, chaque chapitre traitant d’un nouveau cas au travers des yeux de l'archéologue Hieda. À chaque fin d’un cas résolu ou non, on se demande quelle sera la prochaine idée qui sortira de la tête alors bien imaginative de cet auteur.

Bien entendu à la lecture de Yōkai Hunter et avec près de 50 années qui ont passé depuis sa création, une certaine remise en contexte s'impose. Quelques récits pourraient donner un sentiment de déjà-vu, mais en 1974 Yōkai Hunter semble sorti de nulle part et bousculera toute une génération d’auteurs japonais.

On le sait moins, mais il était par exemple prévu que Morohoshi Daijiro soit responsable du dessin de Nausicaa, Hayao Miyazaki étant un grand fan de son coup de crayon inimitable, même le dieu Tezuka s’inclinera face à son trait unique.

Il n’est pas nécessaire pour moi d’être beaucoup plus descriptif que cela, si une part importante de l’origine d’un genre tout entier et au-delà vous intéresse, alors lisez Yōkai Hunter et ses suites.

Dans mon cas, je m'en vais fouiller et me perdre dans les productions de Morohoshi Daijiro, en espérant en sortir vivant.

Sajuuk
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le 13 sept. 2023

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