Young GTO
6.7
Young GTO

Manga de Tōru Fujisawa (1991)

Le simple fait de renommer Shonan Junaï Gumi en Young GTO est en soi une erreur. Certes, d'un point de vue éditorial, rattacher ce manga au cultissime GTO ne pouvait pas faire de mal au niveau des ventes, mais c'était faire erreur que de présenter la série comme un pré-GTO.


Il y a une cassure nette entre les deux séries. On retrouve toujours l'humour gras et coutumier de Fujisawa, mais le Eikichi Onizuka de Shonan n'a que très peu de choses à voir avec celui qui lui succédera pour devenir enseignant au collège. Shonan Junaï Gumi, c'est la fin d'une époque qui semble ignorer sa disparition tout en s'effaçant petit à petit.



  1. La date du lancement du manga est importante. Le début de la décennie quatre-vingts-dix marque la fin progressive d'une catégorie de loubards mythique : les Bôsôzoku. Ceux-là représentaient un milieu de la petite délinquance juvénile où on affectionnait les motos et la baston stérile. Avec des coupes de cheveux invraisemblables (la banane était à la mode...) et un sens de l'esthétique leur étant propre, cette catégorie marqua une part de l'imaginaire son époque jusqu'à imprégner certaines œuvres se concentrant autour de loubards mythiques qui s'inspiraient de cette mode. On peut penser à Sakuragi Hanamichi de Slam Dunk ou bien Taïson Maeda de Rokudenashi Blues entre bien d'autres figures emblématiques qui, elles, ne s'inspiraient que des codes esthétiques du milieu.


Shonan Junaï Gumi, c'est l'hymne des Bôsôzoku avant que ne survienne le chant du signe. On pourrait d'ailleurs confondre la fin du manga avec la fin de cette mode.


Avant de toucher aux motos, Eikichi et Ryuji sont deux lycéens libidineux et obsédés par leurs hormones. Le début du manga se veut simplement une succession de leurs aventures et leurs déconvenues drolatiques dans leur quête du saint minous. Quelques histoires d'amour ici et là, mais pas de quoi scotcher le public.
Alors, puisqu'il faut bien un socle sur lequel reposer le manga et construire une intrigue qui s'étende sur le temps long on retrouve le lycée, on étoffe la liste des camarades des deux protagonistes puis on les lance dans le grand bain. L'humour ne sera pas abandonné, mais se limitera à quelques parenthèses entre des arcs narratifs plus graves et violents.


Très vite, le ton monte. Le lecteur découvre alors, qu'avant d'être un duo d'obsédés, Ryuji et Eikichi étaient des terreurs dans leur gang de moto : les Midnight Angels. On entrera alors dans une succession de guerre des gangs où de simples lycéens incarneront des légendes du milieu Bôsôzoku. Des guerres quasi-médiévales où les montures se veulent cylindrées.
Ça prendra souvent des propensions délirantes, nécessitant l'intervention de la police.


Suite à l'arc Midnight Angels et celui des Cavaliers de Yokohama, l'intrigue s'essoufflera. Les antagonistes perdront leur saveur pour n'être plus que des prétextes à la simple bagarre. Restera, pour sauver les meubles, le retour à l'humour et l'incursion dans le dynamisme interne de la bande d'Eikichi et Ryuji où les rivalités et les contentieux se veulent légions et hilarants. (Saejima non amour).


Les dessins ne sont pas folichons, très en dessous de ce qui se fera pour GTO en tout cas, cela dit, les figures marquantes du manga vaudront le détour. Ça reste du Shônen. C'est violent et les différents protagonistes, n'étant guère que des lycéens se mettant sur la gueule pour des enjeux dérisoires, ne sont pas non plus des spécimens au charisme les plus étincelants qui soient.
Mais pour l'humour, pour le chant du signe des Bôsôzoku, la lecture en vaut la chandelle. N'espérez toutefois pas retrouver ce qui fit le succès de GTO. Le seul professeur à avoir un rôle marquant se veut un champion de Karaté (tiens, tiens) s'étant fait poisser quelques années dans une affaire avec des mineurs... Fujisawa n'a pas peur de l'humour noir. N'avait pas peur en tout cas.

Josselin-B
6
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le 11 nov. 2019

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Josselin Bigaut

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