Mylène Demongeot, actrice de BD et de vie sous le crayon de Bouilhac et Catel

16 SEPTEMBRE 2015


Critique et extraits: https://branchesculture.wordpress.com/2015/09/16/mylene-demongeot-actrice-de-bd-et-de-vie-sous-le-crayon-de-bouilhac-et-catel/


Comment conquérir la liberté? Vaste question, qu’on soit issu du petit peuple ou qu’on appartienne au monde du star-système. Mylène Demongeot, elle, est passée des deux côtés du miroir, d’une enfance pas facile à la gloire apportée par des films tels les Sorcières de Salem, Bonjour Tristesse ou plus récemment (et en second élan après une pause), 36, Quai des Orfèvres et Camping. Adieu Kharkov, c’est l’histoire de sa vie et, surtout, de celle de sa maman, mise en cases, en dialogue et en perspectives par deux auteurs bourrées de talent, Catel et Bouilhac qui donnent une réelle puissance au(x) récit(s) qu’elles racontent.


« Raconte-moi, Maman… (…) » « D’accord, mais en échange, tu dois me promettre quelque chose, Micha… TU ÉCRIRAS MON HISTOIRE.« Sur le coup, Micha, devenue Mylène Demongeot pour le cinéma, est interloquée et ne sait pas sur quel ton prendre l’ordre que vient de lui donner sa mère, Klaudia. Une maman vieillissante, clouée sur un lit d’hôpital par un cancer coriace. Le comble quand, comme elle, on a eu une vie brinquebalée dans une enfance ukrainienne et enhardie par les coups durs. Mais bien sûr que Mylène accepte d’écouter et retranscrira son histoire près d’un quart de siècle plus tard.


De là, découlent de longues heures de récits dans une complicité quasi-retrouvée, entre les neiges de Kharkov en 1910, la révolution bolchévique, deux guerres mondiales, les cris d’une mère battue et les coups sourds d’un papa souvent trop saoul que pour savoir se contenir. C’est clair, la vie de Klaudia aurait pu commencer bien mieux, mais ce n’était que le début d’un long chemin de pénitence gratuite. D’un combat pour être instruite à l’abandon par ses parents, en passant par l’obligation de trouver de quoi se sustenter dans les poubelles de la ville, Klaudia va nourrir cette envie de liberté et de réussite à tout prix quitte à se sacrifier à l’amour non-exclusif et à connaître les désillusions de celui qui se veut exclusif, lui. Une vie de roman riche en voyages qui accoucha d’une vie de cinéma.


Au départ, il y a une formidable idée comme celles que la fantastique collection Aire Libre peut faire naître: une vision à quatre mains d’une petite partie de la vie de Mylène Demongeot et, surtout, l’histoire de sa maman. Claire Bouilhac pour se charger de mettre en images la vie – les aventures, même – de Klaudia, globetrotteuse au caractère aussi bien trempé que ses cicatrices de l’enfance sont visibles; et Catel Muller pour donner vie à une Mylène Demongeot encore bien jeune en 1985 et, la plupart du temps, au chevet de sa maman ou au bras de son mari, Marc Simenon (oui, oui, le fils de). Le tout dans une diversité des traits (plus froid et rugueux du côté de Bouilhac, plus rayonnant chez Catel, époques différentes obligent) qui n’a d’égal que la grande cohésion qui s’en dégage au final. Le travail des couleurs, différent sur les deux parties de ce roman graphique, renforce encore plus la beauté évidente de cet ouvrage, qui est bien plus qu’un récit de vie.


Ce théâtre de la vie et de papier parle finalement peu de la carrière de la belle blonde (qui partait pourtant fortement handicapée, dans son enfance, par un fort strabisme) tout en croisant quand même un ignoble Montand (comme celui dépeint par Marlène Jobert dans son autobiographie) et un toujours sympathique Pierre Richard – qui signe d’ailleurs la préface. Bien plus que la vie publique de Mylène Demongeot, Adieu Kharkov nous invite vraiment, comme au cinéma, dans l’intimité, à être au plus près de la vie de ces deux femmes d’exception, de leurs secrets, de leurs misères et chagrins comme de leurs joies et réussites. Une vraie réussite et du magnifique boulot, l’Histoire par la petit lucarne ouverte par un visage bien connu et les crayons de deux auteurs qui n’ont pas fini de faire parler d’elles!

Alexis_Seny
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le 21 oct. 2015

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Alexis Seny

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