Le premier tome d’Injustice avait été une belle surprise. Tom Taylor essayait de répondre à la question, déjà soulevée par Mark Waid dans Kingdom Come, visant à savoir ce qu’il pouvait se passer si un dieu, un de nos super-héros, perdait la boule. Et nous plongions alors dans un univers et une ambiance bien différente de celle que nous connaissons traditionnellement avec DC Comics, à travers un Superman devenu un véritable tyran totalitaire. Si le scénario fut un vrai plaisir de lecture, les dessins, eux, s’avéraient décevant de par ce melting pot graphique indigeste.


Le règne de Superman a débuté. Après avoir assassiné le Joker, le combat de l’Homme d’Acier contre l’injustice a pris un tournant plus sombre. Secondé par Wonder Woman, Green Lantern, Flash et, sous le costume de Robin, Damian Wayne, Superman met un terme définitif aux conflits mondiaux, éradiquant purement et simplement les auteurs des méfaits. Contre ce règne de l’ultra-violence au nom d’un bien supérieur, quelques héros – Green Arrow, Black Canary, Batwoman et Catwoman -, se dressent autour de Batman, leader de cette résistance à l’autoritarisme.
(Contient Injustice : Gods Among Us #7 à 12 et Injustice : Gods Among Us Annual #1)


Dans un élan de folie, loin d’être passagère, le Joker a manipulé Superman pour qu’il ne tue accidentellement sa douce et belle Lois. A partir de cet instant tragique, le cerveau de Superman a fait reset, quelque chose à cassé et en réponse aux actes du Joker ? il décide purement et simplement de le tuer ! De là, ce sera la réponse de Superman et de ceux qui le suivent face aux super-vilains. Mais pas seulement, ce sera la nouvelle ligne directrice de la League face aux tyrans, aux meurtriers, aux Etats coupables d’atrocités ! Le meurtre n’est plus un tabou ! Doomsday, par exemple faisant aussi les frais de ce nouveau Superman !


Face à ces actions condamnables et inadmissibles de Superman, Wonder Woman et autres super-héros, se prenant clairement pour des dieux, il ne pouvait y avoir d’autre super-héros que Batman, plus humain que n’importe quels autres, pour se mettre au travers de la route de ce nouveau despote malade. Il est entouré d’autres héros comme Black Canary, Green Arrow ou encore Batwoman. Mais sur le papier, l’équipe de Batman fait bien pâle figure face aux surhumains de Superman. Et lorsque Damian tourne le dos à son père et tue, accidentellement, Nightwing, on se dit que cela va être une véritable boucherie !


Mais c’est sans compter sur l’esprit retord et tactique de Batman. Il est l’un des personnages les plus intelligents de DC Comics, et même l’arrivée de Lex Luthor aux côtés de son « ami » Superman ne contrebalance pas l’avantage cérébral de Batman. Et il va falloir à Batman, faire preuve de courage et beaucoup plus pour s’opposer aux actes de Superman.


Ce dernier ne va cesser d’aller toujours plus loin dans sa nouvelle vision de la justice. Et malheureusement pour Batman et ses alliés, cela se fait lors d’une invasion extraterrestre, ce qui fait que le peuple ne tarde pas à acclamer son Kryptonien préféré. Alors qu’ils sont eux-mêmes les victimes de sa tyrannie. Très clairement, Tom Taylor fait tout pour nous inciter à soutenir Batman. Et il serait surprenant d’en être autrement, tant les actes de Superman ne peuvent être justifiés ! Et l’on remarque, que malgré le soutien populaire, de façon sporadique, certains humains doutent de lui, ne le reconnaissent pas. En premier lieu ses parents, mais aussi d’anciens « fans ».
Et pendant que Batman et Superman se rendent coup pour coup, Harley Quinn tombe nez-à-nez avec Lobo dans, sans doute, le meilleur chapitre du tome.


Et bizarrement, ce meilleur chapitre est quasiment sans Batman et sans Superman. Ce tome est difficile, très difficile. C’est une lecture violente et agressive, pesante même. Nous avons du mal à soutenir, toujours, fermement les décisions de Batman. Alors qu’en même temps nous avons du mal à comprendre pourquoi il refuse de se battre lorsque le face-à-face se fait jour.

Mais plus que les choix de Batman, ce sont de Superman qui posent problème, il va trop loin, Tom Taylor va trop loin. Superman devient un personnage détestable, et personnellement, une telle vision exécrable du héros a de l’impact sur ces autres titres. A travers Injustice, on réalise à quel point Superman est un personnage dangereux. Des pouvoirs phénoménaux mélangés avec la faiblesse humaine inculquée par ses parents terriens. D’autres héros tombent sous les coups de Superman et ses amis. Si certains émettent des doutes, notamment Flash dans une formidable série de parties d’échec, d’autres semblent prendre un pied pas possible dans tout cela, Wonder Woman en tête. Ce Superman me met mal à l’aise.


Et au final, ce sont des personnages « secondaires » comme Harley Quinn (complètement savoureuse et délirante) ou le couple (touchant) Black Canary/Green Arrow qui m’interpellent le plus au milieu de ce chaos désastreux.


Graphiquement, si le premier tome avait été assez « gênant » dans sa lecture à cause de la multitude de dessinateurs, de niveaux différents, cela est encore pire avec ce deuxième tome. Toujours deux à trois artistes par chapitres, dans des styles qui n’ont rien à voir. On arrive à avoir une Harley Quinn avec plusieurs looks différents dans une même scène ! Peu de bons dessinateurs, beaucoup de mauvais, avec une ribambelle de visages hideux !


Bref, je ne suis plus aussi emballé après ce deuxième tome. Tom Taylor nous offre quelque chose de différent, cela reste jouissif à lire, mais je trouve, que par moment, cela va trop loin. On a du mal à se dire, par moment, que l’on soutien Batman, et Superman met vraiment mal à l’aise. Un tome violent, pas toujours justifiée mais plus là pour faire du buzz. En cela, heureusement que les dessinateurs ne soient pas à la hauteur et ne retranscrivent pas cette violence.

Romain_Bouvet
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le 31 mars 2015

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