Ma critique complète (attention spoilers importants) : https://sospoilogie.wordpress.com/2025/10/07/meteors-dhubert-charuel-2025/
Au-dedans,Will McPhail, dessinateur au New Yorker s’invente dans cette BD un alter ego, Nick, qui découvre qu’il ne ressent rien. Il vit dans la grande ville, probablement New-York, aide sa mère à faire des travaux immobiliers, garde parfois son neveu mais est très éloigné de sa sœur à la vie plus banale. C’est la caricature de l’artiste bohème qui passe ses journées dans les cafés à chercher l’inspiration. Il rencontre une jeune femme, mais ne ressent pas grand chose pour elle à part un peu de désir. Il semble rongé de l’intérieur par sa propre superficialité. Il y a de très bonnes vannes. “J’ai tendance à bosser dans les lieux publics. En partie pour éviter la tentation du porno à l’appartement”. De même, lors de la rencontre avec son amoureuse, elle le googlise? Lorsqu’il lui demande pourquoi, elle répond “Je veux juste être sûre que tu n’es ni un serial killer ni un podcaster”.
D’où vient cette superficialité ? La BD n’est pas une thèse ou une introspection. C’est un ressenti. Pour appuyer ce ressenti de vide intérieur, de superficialité profonde, McPhail s’amuse à croquer des cafés rencontrés dans la ville. Ce sont plus des concepts store que des cafés, certains ont un nom très drôle : “tous tes potes sont parents”, “Gentrifichiatto” ou “Je ne serai jamais proprio”. Celui qu’il choisit a un nom en police Comic sans Ms, mais c’est également celui qui semble le plus authentique.
Cette quête de l’authenticité dans le café est également une quête de l’authenticité dans sa propre vie. Le déclic a lieu un jour où le plombier vient réparer une fuite de ses toilettes. Nick ne dit que des banalités, propose du café, avant de se lancer dans le vide : “parfois, quand je suis dans ce genre de situations, j’ai honte de ce que je fais”. C’est le déclic, il va enfin ressentir les choses, maintenant qu’il a pu ouvrir son coeur. Il va s’occuper de son neveu et de son amoureuse, mais surtout il va s’occuper de sa mère qui va mourir d’un cancer. Ce qui était léger et superficiel devient lourd et authentique. Pour montrer la métamorphose intérieure de son personnage, McPhail glisse des pages en couleurs, dans lesquelles Nick connaît des épiphanies joyeuses ou tristes. J’ai en fait moins aimé ces pages. Ce que j’ai préféré dans ce livre, ce sont les blagues et le trait simple du dessinateur. C’est une des questions que pose d’ailleurs cette BD : pourquoi préfère-t-on rire de ces blagues superficielles, de ces cafés inventés, de ces relations légères plutôt que de s'intéresser aux bouleversements intimes du personnages et à la gravité de la maladie de sa mère ? J’avais ressenti exactement la même chose dans les BD de Julia Wertz, cet intérêt pour les vannes du quotidien et les dessins de paysages new-yorkais plus que de l’intérêt pour les questions existentielles qu’elle soulevait.