Dans la vague de titres revisitant la mythologie grecque, Agnès Maupré nous propose de suivre le périple de Physalis et Britomartis, amies d’enfances et soeurs d’adoption, parties à la rencontre de leur divin père Zeus qu’elles n’ont jamais connu. Empathique envers ses deux héroïnes, l’autrice développe, via le motif de leur quête, la question des origines qui pour chaque individu est nécessaire pour mieux grandir et développer son identité. De plus, le récit prend un parti pris féministe avec ces deux jeunes femmes résolues qui traversent les épreuves de leur voyage vers l’Olympe. Ce point de vue est aussi développé dans la présentation des frères de sang que rencontre le duo. Les protagonistes masculins n’ont pas le beau rôle : mortels, héros ou dieux, ils sont inconséquents, menaçants, orgueilleux ou vaniteux. Ceci nous est montré sans manichéisme, le lecteur les découvrant peu à peu à travers le regard des jeunes femmes confrontées à ces individus. Le salut vient bien souvent des femmes, grâce à la sororité, comme celle des Hespérides, ou à la solidarité, comme celle de nos deux héroïnes, même si leur lien est éprouvé à cause de leur différences (l’une est raisonnée, l’autre entêtée).
Finalement, cette épopée privilégie l’idée que chaque individu peut se forger grâce à la présence de ses proches qui sont là pour lui et non grâce à une figure tutélaire instituée, comme la place du père. Zeus n’apparait d’ailleurs presque jamais, bien que son ombre plane sur le récit. Jouant avec les codes de la mythologie, cette odyssée colorée et féministe est passionnante, portée par ses deux “bâtardes” bien attachantes.