En 1928, le navire de Bruce Wayne arrive en Antarctique pour retrouver l’expédition Cobblepot. Avec son équipage, il découvre d’étranges choses dans la glace, des choses qui corrompent les animaux et les hommes. De retour à Gotham, les phénomènes surnaturels se poursuivent…
Cette critique couvre les 3 tomes.
Mike Mignola a connu le succès avec Hellboy et, au-delà de cette réussite, a créé une version moderne du monde de Lovecraft. Dès lors, il s’efforce d’étendre cet univers aux autres. La gravité sombre de Batman se prête à merveille aux contes lovecraftiens et Mike Mignola excelle dans cette adaptation. Il reste ici à l’écriture et est épaulé par le dessinateur de comics Richard Pace, scénariste à ses heures. Pour les graphismes, il fait appel à un autre dessinateur de comics, Troy Nixey.
Si les dessins ne sont pas transcendants et ne parviennent pas à exprimer la tristesse blasée du trait de Mike Mignola, ils sont tout à fait honorables pour conter cette fable horrifique. Les ambiances sont moins monochromes, mais souvent épiques, et certaines cases se rapprochent du dantesque prisé par Mike Mignola.
L’histoire, elle, est grandiose. Batman est transposé au début d’un XXème siècle un brin steampunk. Le monde est plongé dans une magie ancienne et souvent ténébreuse d’où sortent tous les protagonistes du chevalier noir. Le Pingouin, Poison Ivy ou encore Double Face surgissent dans ce monde cauchemardesque avec leur genèse particulière et leur rôle tout aussi spécifique. Le scénario n’est toutefois pas surprenant, car archiconvenu. Comme dans toutes les histoires de Mike Mignola, le héros doit empêcher la venue d’une créature cauchemardesque qui plongera le monde dans les ténèbres. Heureusement, ce n’est pas le scénario qui fait le charme de cette œuvre, mais bien l’ambiance unique que seul Mike Mignola sait insuffler à ses créations. La chute est particulièrement soignée et promet d’une belle surprise pour les amateurs.
Batman — The Doom That Came to Gotham est une splendide transposition, un cross over talentueux qui mélange deux mondes compatibles avec délice. La réussite est telle que la bande dessinée sera adaptée en dessin animé 20 ans plus tard. Mike Mignola est sans doute perturbé pour créer des histoires si horribles, mais sa sublimation produit de très, très belles œuvres. Tous les fans de Lovecraft apprécieront.