Ce deuxième tome confirme à quel point Berserk est une œuvre qui se déploie avec une puissance rare. On quitte progressivement la froideur monstrueuse du tome inaugural pour entrer dans ce qui deviendra le cœur émotionnel de la série : le passé de Guts, ses premières blessures, ses premières trahisons, et la naissance d’une rage qui n’a rien d’abstrait. Miura tisse ici l’un de ses récits les plus poignants, alternant visions d’horreur, scènes d’enfance brutales et moments de vulnérabilité presque insupportables.
Graphiquement, c’est un festival. Chaque planche respire la maîtrise totale : jeux d’ombre d’une précision surnaturelle, anatomies tordues par la violence ou par la souffrance, visages sculptés dans l’émotion la plus brute. La redécouverte en Édition Prestige donne d’ailleurs encore plus de relief à cette densité graphique — on voit mieux les hachures, la finesse du trait, la façon dont Miura construit un monde où la beauté et la cruauté sont indissociables.
Ce tome développe également les fondations morales de Berserk. On y perçoit déjà l’idée que la force brute n’est jamais suffisante pour survivre, que le monde est un engrenage d’abus où chacun tente d’échapper à son destin à coups d’épée, de volonté ou de rancœur. Guts n’y est pas encore le guerrier mythique, mais un enfant dépossédé, qui apprend que la vie se prend, se mord et se gagne dans le sang.
Résumé
Un volume d’une intensité dramatique exceptionnelle, où Miura articule violence, tragédie et grâce graphique avec un talent vertigineux.
⚔️ Une plongée dans les ténèbres fondatrices de Guts.