Disons-le franchement : ce tome ne nous a pas autant emballés que prévu. Il ne dit pas grand-chose de plus que le constat de l'enquête où nous en étions restés à la fin du tome 9. On voit bien qu'il tente de diluer son propos, de gagner du temps pour repousser la solution en tome 11 (ce qu'il fera, difficilement), et n'a à nous offrir qu'une copie bien fade d'un Hercule Poirot. On voit donc arriver ce personnage du pasteur Jeremy dont on "grille" ("deviner" est un mot vraiment trop faible pour la circonstance) totalement toute l'histoire véritable : il déboule de nulle part alors que l'on nous a répété que l'on ne peut pas circuler à l'extérieur du manoir, il est un puits de science qui sait tout sur tout, il voit absolument tous les indices... Bref, on sait au premier regard (surtout qu'il lui ressemble beaucoup physiquement) qu'il s'agit de
Sebastian
déguisé. A partir de là, de deux choses l'une : on comprend immédiatement qu'on a affaire à
un coup monté avec le Comte (donc on devine qu'il est coupable, au moins en partie, de l'un des meurtres) qui nous a berné lors de la précédente scène d'émotions (on aurait aimé qu'elle soit sincère... Dommage)
, et d'autre part on commence à douter de tout, comme on peut essayer de nous tromper grossièrement sur ce point, on se dit que chaque prochain élément qui nous paraît suspect sera forcément un indice crucial (et on a raison). Le retard de Jeremy dans les escaliers, le visage mouillé de Sebastian...tout commence à clignoter "attention, indice", sans vraiment de finesse (on est très loin d'un Poirot, justement, dans lesquels les fausses pistes évidentes se mêlent aux vrais indices très discrets). Clairement, cette enquête si bien partie commence à tourner à la facilité, et il ne nous reste que les très bons points habituels (le dessin raffiné, les dialogues recherchés, les personnages bien dépeints...) pour se raccrocher. On notera tout de même le magnifique dessin en transition au chapitre 46 "At Night - Le Majordome est superflu", avec le style Sherlock Holmes en groupe, qu'on ne se lasse pas de regarder.