A la fin de l'album précédent, le Caïd devenait le véritable boss du crime à New York, et le tueur censé éliminer Castle arrivait, et il s'agissait de Bullseye.
Lui et le Punisher se sont déjà affrontés par le passé, mais comme pour les origines du Caïd qui étaient revues, on fait table rase aussi bien en retouchant le personnage de Bullseye qu'en faisant de cette rencontre avec le Punisher leur première.


Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec le tueur à gages, Jason Aaron l'introduit par un premier massacre, qu'on voie à quel point c'est un bad motherfucker. Et comme on est dans la série MAX, c'est démontré avec des idées d'un trash prononcé, n'hésitant pas à virer au scato. C'est régressif, mais pas gratuit.
La particularité de Bullseye, c'est de toujours tuer sa cible, et sa détermination prend ici des proportions absurdes... mais en même temps, l'auteur se moque des idées fantaisistes qu'on a pu voir dans le passé concernant les compétences du personnage. Je me demande s'il n'y a pas une pique adressée au film Daredevil, où il tuait un homme avec des trombones...
Plutôt qu’un excellent tireur, Jason Aaron en fait un énorme malade, un esprit dérangé qui pense pouvoir se glisser dans la tête de ses cibles.
Sa psychopathie est si extrême qu’elle en devient grotesque parfois, mais au moins, l’auteur ose virer dans le sordide avec cette démesure. Ce n’est pas comme le Joker, dont la plupart des incarnations trop premier degré, surtout dans les films, m’énerve parce que sa folie devant laquelle bien trop de gens s’ébahissent n’est que de la poudre aux yeux. On se rapproche davantage de la folie d’un véritable psychopathe avec les divagations et la vision tordue du monde de Bullseye dans cet album.
Même si le personnage n’est pas du tout crédible.


Jason Aaron enfonce également le clou concernant la détermination du Punisher, qui répète qu’il ne vit que pour sa lutte contre le crime, qu’il est une arme. Mais la formulation diffère, et ça véhicule l’idée que c’est quelque chose que Castle ressasse, pour garder le même état d’esprit constamment. Et ça renforce encore un peu le personnage.
Il y a toutefois une bonne idée pour apporter du recul, par le biais d’un lien avec le passé de Castle : un médecin qui l’a connu depuis le début de la guerre du Vietnam, quand il n’était encore qu’un bleu.
Il ramène Frank à la réalité : il n’est plus si jeune et son corps est en sale état.
Et, mieux encore, le médecin offre, en off, son propre point de vue sur la femme de Castle.
C’est vraiment intéressant car jusque là, la famille du héros n’était pas vraiment incarnée, ça n’était qu’un idéal perdu qui alimentait la rage du Punisher.
Mais ici, l’auteur suggère que Castle se ment à lui-même, que la réalité ne correspondait peut-être pas au souvenir qu’il veut garder de sa famille. Le vigilante a d’ailleurs oublié comment ils étaient exactement… mais il ne peut pas de se remettre en question, ce serait une faille dans sa lutte aveugle contre le crime.
C’est comme ça que je le perçois en tout cas, et ça semble être confirmé par l’interprétation de Bullseye : Frank était déjà le Punisher avant que sa famille ne meure, il lui a juste fallu un déclic, pour pouvoir repartir en guerre.
Ce qui est fort c’est que Jason Aaron ne fait qu’approfondir des éléments qui existaient déjà, et même fait le pont entre deux étapes décisives dans la vie de Frank Castle.
En sachant que le héros ayant pour règle de ne jamais tuer de policiers, cet album remet aussi le Punisher face à des flics corrompus, plus nombreux maintenant que Fisk dirige. Garth Ennis avait déjà évoqué ce type de problème, mais ça avait été écarté un peu trop aisément.
Et là encore, même si on assiste à un passage décisif pour Castle, c’est un peu dommage qu’on n’exploite pas davantage le dilemme.


Même s’il y a des évènements d’une certaine gravité dans cet album, il y a toujours un certain recul, de par un traitement d’un humour noir acéré, assez malade.
Le run de Garth Ennis m’avait fait attendre du Punisher des histoires dignes de polar, très noirs. Mais l’angle de Jason Aaron est pas mal non plus, ça reste très sombre mais un peu moins premier degré.
On ne peut pas parler de légèreté, mais je pense que c’est cette meilleure acceptation de l’approche de l’auteur qui me fait aussi apprécier davantage le style de Steve Dillon au dessin. Et il prouve qu’il peut dessiner des trucs bien trashs.


Le run de Jason Aaron se montre de plus en plus intéressant, et cet album-ci se termine sur un cliffhanger, qui me donne encore plus envie de lire la suite.

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le 14 avr. 2016

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Wykydtron IV

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