le 10 déc. 2010
Projet réussi !
A l'aube de l'an 2000 l'Association voulait réunir autant de pages de bande dessinée universelle, lisible par tous et provenant de tous horizons. Le résultat est impressionnant et fascinant. La ligne...
BD (divers) de Filipe Abranches, Peggy Adam, Dario Adanti, Kalah Allen, Suzy Amakane, Ambre, Max Andersson et Andreas Martens (Andreas) (1999)
Deux mille page de BD pour l’an 2000. C’est le projet éditorial fou de l’Association en 1999. Editer un livre-monstre, qui réunirait un maximum d’auteurs « indé » issus du monde entier. Le tout en noir et blanc, et avec des pages fines comme celles d’une bible, pour limiter le coût. Et avec la contrainte donnée à tous les artistes de proposer un récit muet, et ne nécessitant donc aucune traduction.
Le tout est expliqué dans une courte préface, traduite dans plus de vingt langues, en tout petit, façon mode d’emploi d’électroménager ou notice de médicaments. Et Comix 2000 est trop lourd pour être pris en main comme on le ferait avec une autre BD. On consulte Comix 2000, posé sur une grosse table, ou sur les genoux, en feuilletant méticuleusement ses fragiles pages.
C’est clairement un ouvrage « patrimonial », plus intéressant par le fait qu’il existe que par ce qu’il propose en tant que tel. C’est-à-dire plus de 350 récits différents, qui n’ont hélas qu’un faible fil rouge en commun : le vingtième siècle. L’Association assure avoir reçu des centaines de propositions sur Hitler et la Shoah, qu’ils ont écarté de la sélection, mais ça reste LE motif qu’on retrouvera le plus dans les histoires. Avec la frustration sexuelle des auteurs/autrices : il y a un bon 20% d’histoires dont l’objectif semble être de dessiner des verges et vulves gratuites. Et si l’Association se gargarise de trouver la BD mondiale exposée dans Comix 2000 finalement assez proche en termes de styles, au contraire des productions « industrielles » des trois régions historiques (Japon/USA/franco-belge), j’ai regretté un peu ces tropes classiques de la BD « indé » des années 80-90 qui tenait à être gore, gratuite sur le sexe et la provoc’ pour démontrer que la BD n’était pas qu’un loisir juvénile. Et du coup ça force un peu trop, et ça finit par lasser.
Surtout sur 2000 pages. Surtout sur des histoires sans texte, qui vont donc reposer sur la virtuosité narrative, mais surtout graphique, des auteurs pour parvenir à raconter quelque chose.
Je ne me rappellerai probablement pas de 80% des histoires lues, qui n’ont à mon sens qu’un intérêt moyen (parfois, juste montrer une autre école graphique, ou un thème propre au pays) mais certains se sont dépassés pour l’exercice. David B., Marc-Antoine Mathieu, Frederik Peeters ou Winshluss sont immédiatement reconnaissables, tant pour leur trait que pour leur univers ou sens de la narration. Les auteurs asiatiques proposent toutefois des récits très différents esthétiquement, que ce soit les Chinois, Coréens ou Japonais, mais ils sont hélas peu nombreux proportionnellement et aucun mangaka « majeur » (à ma connaissance) n’a répondu à l’appel. Alors qu’on retrouve par exemple Chris Ware du côté américain, mais Comix 2000 reste principalement un ouvrage européen, voire francophone.
Tandis que d’autres « stars » de l’Association m’ont un peu déçu : Sfar, qui se crédite comme Thaïlandais ( ?) et parvient à insérer des Juifs orthodoxes dans son court récit humoristique raté, Trondheim et un récit minimaliste et « fonctionnel » un peu trop vu chez lui, Larcenet, déjà dans son style « sombre », qui ne raconte pas grand-chose cette fois. Ou JC Menu, qui tombe dans l’écueil le plus agaçant de tout le livre : compenser la contrainte du muet par la communication entre les personnages avec des images/rébus dans des bulles. Ce qui pourrait marcher une fois, mais quand le procédé est repris par autant d’auteurs, visiblement incapables de fournir une histoire muette, même de quatre pages, ça devient vite agaçant de procéder à ce petit jeu pour des histoires, majoritairement sans intérêt.
Et si je suis assez sévère, je reste admiratif de la démarche, et d’avoir réuni autant de styles de BD différents. On trouve des expérimentations graphiques réjouissantes et originales, des BD avec des contraintes fortes (Lowenthal qui propose un récit de 8 pages qui demande de retourner le livre à la fin pour relire les huit pages dans l’autre sens, comme le classique « Dessus Dessous », mais sur un récit de plus d’une planche !!) et j’ai aussi découvert des auteurs, qui semblent avoir percé depuis, comme Thomas Ott, qui signe un des meilleurs récits muets.
Enfin, comme un symbole, la dernière histoire reprend elle-aussi le concept des bulles-images pour la communication entre les personnages, mais l’auteur a trouvé le langage visuel devenu probablement le plus universel : celui des marques.
Je mets 7/10, même si la plupart des histoires valent sans doute 5 ou moins. Mais la proposition éditoriale est tellement unique : une photographie de la BD indépendante (mais surtout européenne) en 1999, avec une liberté de ton presque totale. A « consulter » au moins une fois, pour l’amour de la bande-dessinée (indé).
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il y a 6 heures
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le 10 déc. 2010
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il y a 6 heures
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