Ayant vu le médiocre Suicide Squad et méprisé l'interprétation de Margot Robbie dans le rôle d'Harley Quinn, j'ai souhaité porter un intérêt envers ce personnage féminin tant disputé. A travers mes recherches, j'ai pu constaté que certains la considéraient comme une vulgaire femme objet et d'autres comme le symbole de l'aliénation de notre société. Intriguant. Il fallait que je me fasse mon propre avis, alors, autant plonger dans ce comic.


Les premières pages furent une agréable surprise. A la manière de Deadpool, le quatrième mur est brisé, puisqu'elle cherche un nouveau dessinateur. Alors s'enchainent les planches sous le pinceau de divers artistes,Haletantent des visuels aussi divers que splendides et accompagnés d'un humour corrosif. Le dessinateur désigné, il est l'heure de suivre les périples de la jeune Harley !


Tout d'abord, je salue la volonté des scénaristes de la présenter sans le Joker. Elle n'existe que par elle-même. L'image de femme objet - et stupide - que véhiculait Suicide Squad s'avère brisée à coups de marteaux. Elle agit en femme forte, n'hésitant pas à réduire en poussière quiconque qui lui manque de respect... Et pas seulement !


Harley Quinn, justicière ? Cette interrogation pourrait pousser au rire, néanmoins, elle s'avère intéressante. Harley Quinn sauve les animaux par centaines, ayant plus de considération pour eux que les bipèdes bons qu'à la distraire ! Elle n'hésite pas à nuire à une famille qui laisse tomber leur grand-mère, patiente d'Harley Quinn ou encore à donner un coup de main au patriotique Cy - davantage pour s'amuser que par sens du devoir, il faut l'admettre -. Ce personnage, pourtant au premier abord absurde, réussit à acquérir notre sympathie.
Voilà la véritable réussite de ce comic : Certes, Harley Quinn brûle de sadisme et peut tuer sans sourciller, néanmoins, elle manifeste une grande sensibilité - parfois pour des broutilles, certes - qui la rend humaine malgré son rôle de "méchante". Là où Suicide Squad a échoué en la montrant comme une écervelée qui, d'un coup, apprécie ses camarades qui deviennent "gentils" sans la moindre nuance et explication - valable -.


Aussi, l'humour s'avère omniprésent dans l'ouvrage. Parfois trop, certes, mais certaines de ses répliques font mouche et permettent de détendre un peu l'atmosphère tendue de l'ouvrage. En effet, entre les tueurs à gages et les ennemis de Cy, autant dire que le lecteur ne sera pas étranger aux massacres à foison ! Alors, l'initiative de dédramatiser le tout avec un humour tantôt sanglant, tantôt stupide est plutôt un succès - n'ayant pas ce comic entre mes mains, je ne pourrais pas vous citer quelques exemples. -
J'ai pu lire que cet humour rappelait à certains celui de Deadpool ; j'approuve, le côté vulgaire et gras de blagues émises peuvent nous le rappeler, cependant, Harley Quinn utilise souvent des jeux de mots saugrenus que Deadpool n'aurait pas idée, je pense.


Haletant, composé de personnages autant hauts en couleurs que sympathiques, lire ce comic a été un plaisir que je ne nie pas ! Il me tarde de dévorer le second tome. J'ai pu découvrir un angle de la personnalité fascinante d'Harley Quinn. Je déplore malgré tout que nous apprenons sa fascination pour le morbide et sa "transformation" qu'à la fin. Et surprise ! Tout n'est pas dû qu'au Joker ! Adolescente, elle s'intéressait avec ferveur aux névroses et son premier amour partageait sa fascination au point de tuer pour elle. Harley cherchait à découvrir les abysses de la folie au point de devenir psychiatre dans une prison. Là encore, elle ne se transforme pas pour plaire au Joker, non, mais pour attirer la confiance des criminels. Le Joker est juste celui qui accepte sa vraie nature délirante et non pas celui qui l'a poussé vers la folie. Je trouve cela important de le souligner encore une fois. Elle n'est pas "que" la copine du Joker, elle a une personnalité et un vécu captivants.


Néanmoins, je ne puis retenir cette interrogation : Complètement marteau est-il un comic girly ?


En effet, je déplore dans ce comic la constante... idiotie de la plupart des personnages masculins. Grossiers, ils n'hésitent pas à harceler Harley Quinn dans la rue, en la draguant lourdement ou en roulant des mécaniques devant elle. Autant je comprends les femmes qui déplorent la dégradation de leur image dans l'univers des jeux vidéos/comics, autant si j'étais un gars, putain, je me sentirais un peu humilié en lisant Complètement marteau. Ce n'est pas en montrant un personnage féminin supérieur à une horde de gars stupides qu'on habilite une meilleure image de la femme dans les comics. Au contraire ! De plus, en montrant des gars ne faisant que harceler Harley, cela donne lecteur le sentiment que cela est tout à fait banal. Or, hum, pas du tout. Enfin, ce serait une grossière erreur d'attribuer un tel comportement comme "typiquement masculin" et le comic le fait un peu trop à mon goût.
Sinon, entre l'épisode de la St Valentin et le côté parfois superficiel de Harley Quinn, on se trouve parfois un peu désappointé devant tant de futilités.


Un comic haletant, à dévorer donc, malgré ses quelques failles.

Blackfly
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le 31 déc. 2016

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