Une petite claque dans la tronche de l’humanité, bien méritée.
Darwin’s Incident est de ces œuvres qui, sous couvert de fiction, te mettent face à un miroir que t’as pas forcément envie de regarder. L’auteur y dissèque froidement la nature humaine, sa prétendue supériorité et surtout sa cruauté ordinaire. Ce n’est pas juste une histoire de science ou de morale, c’est une autopsie sociale, un manifeste sous forme de manga.
Le postulat est déjà brillant : un "humanzee" (mi-homme, mi-chimpanzé) né d’une expérience scientifique. De là découle une avalanche de questions sur la différence, l’éthique, la peur de l’autre et la frontière entre homme et animal ; Cette frontière que le récit s’amuse à piétiner sans vergogne. Là où d’autres titres préfèrent la surenchère ou la morale à deux balles, Darwin’s Incident garde une justesse de ton rare. C’est intelligent sans être pédant, engagé sans faire la leçon.
Graphiquement, rien à redire. Le trait est chirurgical, expressif, capable de te faire ressentir la tension d’un débat aussi fort qu’une scène d’action. Chaque case transpire le sens, chaque regard pèse lourd. On sent que l’auteur maîtrise autant la narration que l’émotion brute.
Bref, une master class. Une œuvre qui fait réfléchir, dérange, et laisse un goût amer : celui de la vérité. Parce que si Darwin’s Incident parle d’un hybride, c’est surtout nous qu’il dissèque !