L'excès des effets destinés à procurer des émotions sur le lecteur, habituel chez Mitton, ne se dément pas dans ce dernier opus de la série "Les Survivants de l'Atlantique" : souffrances incroyables des héros, cruauté démoniaque du méchant, situations spectaculaires apparemment sans issue, invraisemblance de la mission confiée à Yann, amplification du rôle historique du héros jusqu'à un degré défiant toute crédibilité, à seule fin de l'insérer dans un contexte historique connu et reconnu, et de glisser au passage quelques leçons de morale politique (pardon pour cet oxymore indécent !).

Autre petite manie de Mitton depuis le Tome 8 : faire un résumé des aventures de Yann depuis le Tome 1, sans que cela s'apparente au "résumé des épisodes précédents" nécessaire à la compréhension des événements, habituel en BD. Sur le mode du comics US, les planches 1 et 2 présentent des dessins centrés sur ce qui arrive à Yann, tandis que les narratifs (rappelant le passé du héros) sont prononcés par une personne qui est à l'écart des faits mis en images, ce qui donne un double discours à suivre.

Ce procédé est repris dans les planches 12 à 14, mais cette fois pour superposer les consignes données à Yann par son ennemi et l'application concrète de ces consignes par le Héros. Ainsi, l'action avance plus vite et évite les redites.

On ne déflorera pas l'intrigue en révélant qui est le prisonnier que Yann va chercher dans cette île. Disons que ce personnage est bien réel, la documentation rassemblée par Mitton plutôt crédible (même si la réalté représentée est approximative, rien que dans le plan de l'île, pour commencer), et que la confrontation entre Yann et son captif va être la dernière occasion de la série de nous offrir une de ces tirades enflammées droits-de-l'hommistes et idéalistes qui sont la marque de fabrique de Yann. Ne ratons pas une occasion de faire l'éducation des masses, tout de même !

Faire accompagner Yann d'un Noire somptueusement habillée dune lingette qui pendouille sur ses orifices médians (planche 7) permet d'introduire la dose d'érotisme indispensable à tout scénario de Mitton.

La fin mérite un beau solo de violons bien mélancolique. Ainsi se concluent les fureurs rocambolesques, saignantes et torrides des aventures du beau Yann, qui n'a vraiment pas de chance avec les femmes. Si on compte le nombre de ses partenaires refroidies depuis le début de la série, cela dissuaderait certainement les candidates à leur succession...
khorsabad
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le 26 oct. 2014

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