Cette oeuvre a grandi en moi au fil des pages à un point que je n’aurais pu imaginer!
Tout commence avec des bribes d’images qui se complètent, Otto peint Mashka au milieu de la forêt puis nous suivons Otto dans les rues allemandes de 1919 avant d’arriver dans son atelier. C’est alors que j’ai compris le concept du livre, chaque case proposée par Luz est en faite le point de vue du tableau ! Et ce concept nous fais suivre toute une fresque historique de l’Allemagne du 20eme siècle du point de vue de ce tableau.
Le concept est franchement bien amené. L’auteur en joue d’ailleurs beaucoup avec une certaine poésie et un certain mystère nait autour de ce tableau car, ce tableau que tout le monde juge et observe, cette oeuvre dans laquelle certains perdent leur regard et d’autres souhaitent la voir bruler, on ne peut l’apercevoir qu’à la fin, mis face au fait accompli de tout ce qu’elle a à donner, tout ce qu’elle représente mais aussi tout ce qu’elle a vu.
Deux filles nues est une suite de bribes de vies, du peintre au collectionneur, du confiscateur à l’archiviste. C’est aussi un cours d’histoire détourné sur l’art dégénéré qui n’aura finalement jamais cessé d’être d’actualité.
En terme de style, certains diront que le dessin est trop simple ou moche. C’est moins élaboré que Vernon Subites mais tout de même plus intelligent que Catharsis. Personnellement j’ai beaucoup aimé la manière dont Luz joue avec le cadre qui bouge, la profondeur des plans (dans certains cas, l’action est dans le second ou troisième plan tandis que le premier n’est que le décor) et la profondeur des personnages qui se penchent pour observer le tableau.
Je ne pense pas avoir compris (ou essayé de comprendre) la symbolique des insectes mais Deux filles nues donne à interpréter beaucoup plus qu’au premier abord. Dans la postface, on peut aussi réaliser un parallèle sur le hasard de l’existence au milieu de la tragédie, pour ce tableau mais pour l’auteur lui-même qui était en retard le jours des attentats.
Une chouette lecture !
@gr.aphicnovel