Dix secondes par RomOkami

Max de Radiguès s'attelle de nouveau à la chronique adolescente à travers l'errance de Marco, lycéen désoeuvré dont le quotidien oscille entre les cours ennuyeux, les après-midis consoles, les virées avec les copains, franchir les interdits avec les plus âgés ou encore son béguin pour Zoé. L'auteur parvient à décrire pertinemment le spleen adolescent, ce moment d'incertitude face à un avenir inconnu, mais aussi ces phases d'ennui qui ponctuent la monotonie d'une vie sans enjeu. Avec humour ou sidération, il montre bien que les expérimentations maladroites de son protagoniste ne sont que des refus de grandir et d'affronter une réalité. D'autant plus que cette posture est contrebalancée par les personnages secondaires, que ce soit les amis d'enfance certes immatures mais stables, les jeunes adultes pris en exemple mais pathétiques, ou encore Zoé, adolescente indépendante qui veut grandir pour quitter ce quotidien. De plus, le scénario livre avec une certaine justesse une peinture sociale de la périphérie, banlieue pavillonnaire ou milieu rural. Ce sont des espaces où le quotidien de la jeunesse peut se perdre dans le désoeuvrement, ce qui est le sujet central de nombreux films ou romans actuellement (Leurs enfants après eux, Chiens de la casse...). Certaines séquences pourraient rappeler des souvenirs aux lecteurs ayant vécu dans ce milieu.

L'action a lieu à la fin des années 1990/début 2000 et les (presque) quarantenaires reconnaîtront plusieurs détails dans l'environnement graphique qui devraient leur rappeler leur jeunesse, sans que cela ne soit gênant à la lecture pour ceux qui n'ont pas connu cette époque . Ni misérabiliste, ni complaisant, Dix secondes devrait toucher par son portrait attachant d'adolescent.