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Drifters
6.9
Drifters

Manga de Kōta Hirano (2009)

Et pourtant, au départ, j’avais attaqué le manga à reculons car j’avais du mal à me refaire au style graphique si particulier de Hirano (même si j'avais apprécié Hellsing, il a une façon bien à lui de dessiner les profils, il faut en convenir..).
De plus, même si je trouvais son idée d’inclure la graphie elfique dans les bulles plutôt intéressante, je trouvais l'usage un peu lourd sur des pages déjà pas forcément très jolies à regarder (bien que plus tard, les délires sur les langues s'avèrent très drôles, justement).


Mais ça c'était avant que je découvre son interpêtation d'Oda Nobunaga. Oda et sa trogne de pirate !
Oda qui à mes yeux fait en partie le charme de Drifters comme Alucard faisait celui d'Hellsing. Une tronche, un esprit, un art. Et c'est savoureux.


De surcroît, il faut bien que j'admettre que l’univers fantasy me paraissait très prometteur et que l'idée de mettre en interaction des personnages historiques aussi hauts en couleur me vendait du rêve. Etant rôliste je ne pouvais que valider ce principe et plus tard succomber aux références comme celle de cette "cordiale entente" entre les nains et aux elfes, par exemple. Autant de détails qui avaient la douce saveur de la réminiscence.


La narration de Drifters, quand à elle, me semble tout à fait correctement maîtrisée. Le trio principal (le stratège qui aime la poudre, le bretteur meneur de troupes ayant la rage du combat, la chasseuse qui excelle à l'arc) montre une parfaite complémentarité technique, mais bien sûr, part avec un "malus" inhérent aux tempérament bien trempé de chacun, ce qui va nous donner à la fois une assise rassurante (la victoire est possible), à la fois totalement nous prendre à revers par moments (comment concilier leurs intérêts personnels au delà de l'objectif immédiat à atteindre ?)
Autour de ce noyau dur, le mix' de personnages historiques ou issus des mythes est comme un voyage dans un délire anachronique. C'est totalement jubilatoire pour le lecteur. Non seulement la galerie est impressionnante, mais cette folle farandole ouvre tous les possibles en terme de scénario.
D'autant plus que chacun a sa part de caractérisation psychologique qui va peser dans la balance.
De la même façon, il faut composer avec des dynamiques de groupes ou des us et coutumes de groupes sociaux.


L'art de la guerre dans toutes ses facettes y est mis en valeur avec des stratégies plutôt jouissives pour le lecteur, des personnages qui font preuve d'excellence dans le maniement de leurs armes (et vous verrez, l'arsenal est varié), mais aussi du génie industrieux, des batailles épiques et de la diplomatie à la saveur toute particulière.
Le tout, largement agrémenté de répliques collector et d'un humour décapant.


Une action prenante, un rythme maîtrisé, des personnages jubilatoires, un humour irrésistible (il faudrait carrément lister les facts de Oda Nobunaga), une intrigue simple mais qui tient la route, que demander de plus ? Une parution plus fréquente, pardi ! ^^


En tout cas, on ressent bien le plaisir que prend Hirano à nous livrer son univers. On pourrait reprocher à son manga d’avoir pour l'instant posé une trame un peu basique, d’être fichu comme une sorte de jeu de plateau, mais on se rend compte qu’il ne fait pas qu’aligner des gentils contre des méchants tant les notions de bien et de mal, de vie et de mort sont des notions toute relatives.


Alignement chaotique neutre du mangaka maître de jeu = plus de plaisir !
le jeu en vaut clairement la chandelle.


A noter qu'une adaptation animée est prévue. J'en bave d'avance.

Créée

le 9 mai 2015

Critique lue 804 fois

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