Difficile de dire ce qui a fait tilt dans ma tête vis-à-vis de ce titre. Je ne suis pas un fan invétéré de Warren Ellis, j’aime certaines choses qu’il a faite et d’autres non. J’aime la S-F, mais pas plus qu’un autre genre. Jason Howard n’est pas mon dessinateur préféré. Reste la couv, intrigante, et cette histoire d’arbres extra-terrestres, promettant quelque chose pouvant être intéressant, du moins une idée prometteuse.


Cela fait maintenant dix ans qu’ils ont atterri, présents sur toute la surface du globe. Depuis, rien. Aucun contact. Ils se tiennent là, profondément enracinés tels des arbres d’une espèce extra-terrestre. Dix ans qu’ils maintiennent cette pression silencieuse sur notre monde, sur notre activité, indifférents à notre présence. Cela fait dix ans que nous avons découvert la présence d’une autre forme de vie dans l’univers, mais celle-ci n’a jamais reconnu notre existence en tant qu’espèce intelligente, voire vivante…
Trees est le nouveau récit S-F de Warren Ellis (Transmetropolitan, Planetary, Nextwave) et Jason Howard (Super Dinosaur), explorant dans une ambiance semblable à celle du Jour des Triffides de John Wyndham notre société évoluant dans un futur proche, à l’ombre d’arbres extra-terrestres. Composée, telle une mosaïque, du regard de ses différents protagonistes à travers le globe, cette nouvelle série s’est rapidement imposée comme l’une des invasions extra-terrestres les plus originales de cette décennie.
(Contient les épisodes Trees vol 1 : In Shadow #1 à 8)


Les débuts sont plutôt laborieux, je rentre difficilement dedans. Nous débarquons alors que ces arbres sont ici depuis dix ans, surtout ils ne semblent avoir aucune interaction avec les habitants de la Terre. Cela dit si nous ne sommes même pas une espèce vivante à leurs yeux, cela se comprend. Mais ce qui est véritablement surprenant dans cette histoire, proposée par Warren Ellis, c’est que ces arbres nous apparaissent comme un terrible fléau alors qu’ils n’interagissent pas avec nous (hormis une sorte de vomis de sève vert fluo de temps à autre). Ce sont les humains autour, de par leurs propres agissements, leurs craintes, leurs fantasmes, leurs espoirs engendrés par cette présence.
Alors certes, l’apparition de ces arbres a provoqué quelques bouleversements climatiques, amenant à des déplacements de masse de population mais pour le reste, c’est l’homme qui a décidé de craindre les arbres, de changer pour les arbres, d’étudier les arbres, de tout simplement divaguer sur les arbres.


Ce premier tome, En Pleine Ombre, s’intéresse donc à quelques personnages, à travers le monde, qui vivent la présence de ces arbres de façons très différentes. De l’homme politique new-yorkais voulant utiliser l’arbre pour sa campagne à la cité chinoise s’étant bâtie autour d’un arbre et annonçant être la cité de tous les possibles, de toutes les libertés dans un pays si totalitaire. D’un scientifique anglais découvrant une fleur bien étrange dans une base polaire, à la jeune et belle italienne en ayant assez d’être la belle d’un caïd du coin découvre qu’elle peut être plus grâce à un professeur bien étrange. D’un dictateur africain en devenir qui utilise l’arbre comme arme de guerre, à un jeune artiste chinois en pleine crise existentielle.
A travers ces huit chapitres nous découvrons, vivons leurs aventures, leurs découvertes, leurs renaissances, leurs utilisations des arbres. Si tout cela semble confus au départ, si ces personnages ne nous parlent pas spécialement au premier abord. J’ai été assez vite embarqué par leurs différentes expériences. Et je regrette la disparition de certains dès ce premier tome.
Le petit Chenglei est touchant, arrivant à la cité de Shu, plein d’excitation mais aussi d’interrogation et de crainte vis-à-vis de sa sexualité. Quel choc va-t-il vivre en rencontrant Zhen.
Le personnage de Marsh, le scientifique, est également intéressant, plein de secrets et le seul à permettre à Warren Ellis de faire évoluer le regard que nous pouvons porter sur les arbres.
Ou encore cet énigmatique professeur de Sicile qui va changer du tout au tout la vie de la belle et impulsive Eligia.


La narration de Warren Ellis nous fait passer d’une histoire à l’autre, avant d’y revenir, d’en repartir, nous permettant une lecture riche et changeante, avec des approches et des personnages différents.


Graphiquement, les dessins de Jason Howard peuvent apparaître comme simplistes, ou du moins avec peu de détails dans les décors, dans le remplissage de ses cases. Et pourtant en y regardant de plus près il est dans le juste grâce à ses personnages, véritables miroirs d’émotions, et dans sa représentation des arbres qui se fondent complètement dans le décor, au point de nous être invisible.


Bref, au final ce premier tome de Trees a été une très belle surprise. Cependant, je ne rangerais pas ce premier volume dans de la S-F, mais plus dans du comics de vie, avec une galerie de personnages des plus riches et des plus passionnantes. Les arbres, quant à eux, restant pour le moment une sorte d’ombre planant et guidant la vie de ces personnages malgré leurs absences d’interaction. Excellente narration, superbes personnages, j’ai hâte de découvrir la suite.

Romain_Bouvet
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le 9 févr. 2016

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