Quand Fabcaro dissèque le couple avec une loupe hilarante et un scalpel sarcastique

Dans Et si l’amour c’était aimer ?, Fabcaro s’amuse à dézinguer les clichés sur l’amour, le couple, et les comédies romantiques avec un humour absurde qui fait mouche à chaque page. C’est une sorte de feel-good cynique où le romantisme se fait gentiment piétiner par des dialogues absurdes et des situations improbables.


L’histoire commence avec Sandrine, femme au foyer dans un quotidien aussi morne qu’un dimanche pluvieux, qui se retrouve au cœur d’une idylle improbable avec Michel, livreur de fenêtres en PVC. De là, Fabcaro déroule un récit où les envolées lyriques et les déclarations d’amour prennent des chemins détournés, pour mieux les tourner en ridicule. Ce n’est pas une histoire d’amour : c’est une autopsie joyeuse de tout ce qui nous a été vendu comme tel.


Le génie de Fabcaro, c’est son sens du décalage. Il ne s’agit pas de raconter une romance crédible, mais de jouer avec les codes, les exagérer jusqu’à l’absurde, et les renverser pour montrer à quel point ils sont ridicules. Chaque dialogue semble tout droit sorti d’un rêve bizarre où le réalisme n’a pas été invité. Résultat : on rit à gorge déployée devant des situations aussi absurdes que savoureuses.


Visuellement, le style est simple mais percutant. Fabcaro ne mise pas sur des détails graphiques complexes, mais sur l’efficacité de ses compositions et la précision de ses expressions. Les visages stoïques face à des répliques farfelues renforcent le comique de situation, comme si tout le monde jouait son rôle dans un film sérieux, sans réaliser qu’ils sont dans une farce.


Narrativement, l’album est construit en saynètes, ce qui en fait une lecture légère et fluide. Chaque page est une petite pépite de non-sens qui pourrait se suffire à elle-même. Cependant, l’absence d’une intrigue forte pourrait laisser sur leur faim ceux qui espèrent une progression classique. Mais pour les amateurs d’humour absurde et d’histoires qui ne se prennent pas au sérieux, c’est un régal.


Le principal reproche qu’on pourrait adresser à Et si l’amour c’était aimer ? est son manque de subtilité dans la critique. Fabcaro enfonce joyeusement les portes ouvertes des clichés amoureux, et si cela fonctionne la plupart du temps, certains gags pourraient paraître redondants pour les lecteurs les plus exigeants.


En résumé, Et si l’amour c’était aimer ? est une comédie romantique décalée qui prend un malin plaisir à dynamiter le genre avec une plume acérée et un sens inné du ridicule. Fabcaro nous rappelle que l’amour, ce n’est peut-être pas aimer, mais c’est certainement rire. Un album hilarant, grinçant et follement libérateur.

CinephageAiguise
9

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleures BD de 2017

Créée

le 10 janv. 2025

Critique lue 2 fois

Critique lue 2 fois

D'autres avis sur Et si l'amour c'était aimer ?

Et si l'amour c'était aimer ?
Fatpooper
9

Détournement dessiné

Je me suis bien marré. Le récit est un beau détournement des romans-photos. Fabcaro amène ce qui fait le succès de ce genre de détournement : de l'humour bas du pantalon assumé et beaucoup...

le 31 déc. 2017

12 j'aime

Et si l'amour c'était aimer ?
matvano
8

Et si l'amour c'était manger de la macédoine?

L’histoire est classique. Sandrine a toutes les cartes en main pour être heureuse, mais elle s’ennuie à longueur de journée dans sa villa luxueuse. Henri, son mari, n’y voit que du feu. Pour lui, il...

le 19 nov. 2017

10 j'aime

Et si l'amour c'était aimer ?
Vernon79
9

Suis-moi je te fuis

Acte I: À la ferme C'est un drôle d'oiseau qui me fait tourner chèvre. Qu'il est chouette à l'occasion, quand il en est chiche ! Qu'il est aussi re-loup de raisonnements mièvres: "la pie niche haut...

le 19 juin 2018

7 j'aime

4

Du même critique

La Serpe d'or - Astérix, tome 2
CinephageAiguise
7

Quand Astérix et Obélix découvrent Lutèce

Avec La Serpe d’or (1962), René Goscinny et Albert Uderzo emmènent Astérix et Obélix dans leur première grande aventure hors du village, direction Lutèce. L’occasion de découvrir que les Gaulois ne...

le 20 déc. 2024

6 j'aime

Star Trek : Discovery
CinephageAiguise
6

Dans l’espace, personne ne vous entendra pleurer sur la continuité

Si Star Trek: Discovery était un vaisseau spatial, ce serait un vaisseau flambant neuf, blindé d’effets spéciaux, lancé à pleine vitesse... dans une direction scénaristique qu’on a oubliée de...

le 15 mai 2025

4 j'aime

3