Un shonen efficace
Des hémorroïdes à l’Homme saumon, nombreux sont les thèmes a avoir été abordés dans le vaste univers des mangas. Pourtant, les pompiers n’ont que trop rarement eu leur moment de gloire. Pour mettre...
Par
le 1 juin 2017
6 j'aime
Je n’ai jamais lu Soul Eater, ni vécu le phénomène qu’il a provoqué. De loin pour moi, c’était des designs entre le cartoon et le décontenançant porté par des personnages haut en couleur. Tout l’inverse de Fire Force, que j'insérais malgré moi dans les carcans du Shonen Nekketsu actuel, d’un classicisme assez peu vendeur pour le lecteur que je suis maintenant. Mais comme il ne faut pas mourir ignorant, je me suis lancé dans cette aventure, tout feu tout flamme, sans attentes particulières si ce n’est d’être diverti.
Le principe, vous le connaissez sûrement. On découvre un monde post-apocalyptique où le peuple a la fâcheuse tendance à se transformer en torche humaine. Pour s’occuper du “repos de leurs âmes”, les super pompiers appelés la “Fire Force” sont là pour ça ! Et pour héros aux cheveux ébouriffés et au sourire d’ange, Shinra, une jeune recrue de la 8e brigade, qui a littéralement le feu aux pieds.
Il faut dire que le concept de pompiers combattant le feu par le feu, c’est une idée plutôt originale, qui surtout intrigue assez pour te faire acheter le premier tome. Et certes, il y a de ça, mais Fire Force est selon moi un gros mélange de genre qui me perd plus qu’il me surprend. Oui, cela reste un manga d’action, avec beaucoup de combats en tout genre, mais il y a aussi une grande part d’enquête dans le récit. Cela s’explique par la présence de sociétés secrètes et donc de complots que les protagonistes vont devoir déjouer. Mais on y trouve aussi une grande part dédiée à l’humour, penchant parfois vers le cartoon, et attention le grand écart, ça part en élucubration philosophique, sociétale et théologique sur la fin…
Ça se sentais que l’auteur avait beaucoup de choses à dire, et a décidé d’utiliser son manga comme transmetteur. C’est inattendu et pas un mal en soi. Je préférerais toujours quelque chose d’ambitieux mal amené à une écriture lissée pour vendre. Mais à vouloir caler trop de choses, dans une base assez médiocre, on dessert son message.
J’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans les premiers tomes, emplis de clichés en abondance, essayant d’esquiver le rival exacerbé ou la waifu exhibitionniste pour me retrouver face à de l’action vue et revue. Les arcs s'enchaînaient, je commençais à perdre patience… Puis une lueur d’espoir m’est apparu, une envie de proposer quelque chose de différent, de réfléchir sur son média et ce qui l’entoure tout en la liant à la baston.
Ça devait être lors du tome 10, lorsque les personnages plongent dans les souterrains… Les affrontements gagnent en intensité et en profondeur, jouant avec la démesure, la grâce ou l’absurde. Une combinaison qui va de plus en plus revenir au fil du récit, décuplant l’ampleur des combats en même temps que les enjeux.
Et le pic de cette mouvance est atteint avec le rôle d’Arthur, que j’estime être mon personnage préféré. Un rival chiant initialement, qui prend des dimensions inespérées. Comique par son envie d’être un chevalier qui dépasse la raison, et purement shonen par son pouvoir de devenir plus fort à mesure qu’on rentre dans son délire. Il cristallise assez ce que l’auteur veut prôner par son œuvre : l’imagination est un brasier, et l’espoir son combustible. Des valeurs simplistes et pas très subtiles entendons nous, mais pures et universelles pour des jeunes qui grandirais avec.
Même si je passais un bon moment dans la deuxième moitié, ça restait en dents de scie. Un arc que j’aimais, un que je conspuais. Pareil pour les personnages, peu ont trouvé de la place dans mon cœur… Shinra est un personnage plutôt banal, quant à ses alliés et mentors, j’ai l’impression de tous les avoir vu ailleurs, en particulier Benimaru, le fameux personnage trop fort, mais qui n’intervient jamais sauf dans les cas désespérés. Et pour ce qui est des antagonistes, meh…
Le dessin en revanche a beaucoup de fulgurance malgré ses débuts assez peu convaincants. On peut même parler de revirement artistique à certains moments, avec ses choix de découpages très tranchés, dont des changements de styles, passant du grandiose au cartoonesque. Il y a clairement un potentiel latent, que l’auteur semble contenir de peur de trop choquer ses lecteurs, de trop s’éloigner du conventionnel manga de bagarre. Libéré des carcans d’un magazine, il pourrait pleinement amener sa folie dans ses oeuvres.
J’ai eu une sympathie à retardement pour ce manga, il est vrai. Ça ne réinvente pas la roue et c’était même un peu long sur la fin, mais on y décèle la présence d'un véritable auteur qui, malgré les aspects classiques et parfois désordonnés, s'efforce de proposer une vision personnelle tout en visant à divertir le lecteur. C’est peut-être lui le véritable pompier pyromane, craquant l'allumette de la créativité pour la jeter dans cette industrie en flamme. Il a écrit le carton qu’est Soul Eater après tout, et peut-être que son prochain manga saura embraser les foules ? Il n’y a pas de fumée sans feu !
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Je deviendrais un véritable Otaku ! et Les meilleurs mangas
Créée
il y a 3 jours
Critique lue 7 fois
1 j'aime
Des hémorroïdes à l’Homme saumon, nombreux sont les thèmes a avoir été abordés dans le vaste univers des mangas. Pourtant, les pompiers n’ont que trop rarement eu leur moment de gloire. Pour mettre...
Par
le 1 juin 2017
6 j'aime
Publié dans le Weekly Shōnen Magazine (Kodansha), Fire Force est un Shônen dessiné et écrit par Atsushi Okubo (Soul Eater). Depuis le début de sa publication en 2015, il totalise aujourd'hui 27 tomes...
Par
le 15 mars 2021
2 j'aime
1
Je n’ai jamais lu Soul Eater, ni vécu le phénomène qu’il a provoqué. De loin pour moi, c’était des designs entre le cartoon et le décontenançant porté par des personnages haut en couleur. Tout...
Par
il y a 3 jours
1 j'aime
L’égalité des sexes est quelque chose, encore aujourd’hui, d’assez peu respecté. Bien que nous ayons fait d’énormes progrès ces 30 dernières années, cela n’empêche que la femme n’est toujours pas...
Par
le 23 oct. 2017
5 j'aime
1
Oscar so whithe ! C'est la grande mode de dire ça... peut être que c'est vrais, et que c'est justifiés. Mais tout ce que j'espère c'est que la sélection de 2017 n'as pas été influencé par ça. Parce...
Par
le 2 févr. 2017
5 j'aime
En seulement 12 chapitres Taizan5 réussit à s'imposer comme un des auteurs les plus prometteurs de sa génération. Son manga est bourré de petits défauts : problème de rythme, caractérisation des...
Par
le 26 janv. 2023
4 j'aime