• Z'avez un sacré coup de crayon, Miss ! Et vous allez où, comme ça ?

  • À Fort Rice.

  • Fort Rice ?

  • Vous connaissez ?

  • J'en ai entendu parler. Et pas en bien ! Le dernier élément de civilisation de la haute vallée du Missouri... Si on peut appeler ça la civilisation ! Une palissade et des baraques en peuplier peuplées de sudistes repentis. C'est certainement pas un endroit pour une jeune fille !

  • Laissez donc les jeunes filles à juger elles-mêmes des endroits qui leur conviennent, cher Monsieur.



Le Sentier de la Guerre, tome 1 : Fort Buford, des éditions Glénat est un western historique étonnamment documenté dans lequel l'on suit les pérégrinations d'une jeune peintre en manque d'aventure avec Diane Myers, qui ne rêve que de rencontrer et de peindre les Indiens de ses yeux inexpérimentés. Un périple qui va l'amener à rencontrer le vendeur d'armes '' Missouri '', ainsi que '' Red Leaf '', fils du chef Looks-For-Him-In-A-Tent, et le fameux '' Sitting Bull '', qui en voyant ses beaux dessins fera d'elle une ambassadrice qui devra montrer qui sont vraiment les Sioux.  Avec cette bande dessinée, le scénariste Marc Bourgne s'attelle à un récit très important avec la décision des traités faits dans le Capitole au Congrès des États-Unis à Washington, censé apporter la paix aux Indiens en les envoyant dans des réserves. Un récit instructif qui conjugue efficacement les moments historiques avec les frasques romanesques et tragiques de Diane, qui se pose comme une femme courageuse et passionnée en plein apprentissage de la vie qui s'avère bien plus complexe qu'elle n'aurait cru.


Si l'action n'est pas le point le plus démonstratif de cette bande dessinée sous un rythme branlant, son contenu référencé vient capter le lecteur en parlant de la perte progressive des territoires de chasse et des massacres comme celui de Sand Creek, où clairement certains justifie l'extinction indienne comme nécessaire. Avec l'arrivée des milliers d'émigrants qui rêvent de faire fortune dans l'Ouest entre l'or, les vastes étendues de prairies à cultiver, du bétail à y installer, sans oublier l'installation du chemin de fer, et les Indiens sont les obstacles de ce progrès. En réponse à cela, le gouvernement propose en grand sauveur une solution afin d'éviter la guerre avec le fameux '' traitement équitable '', qui répond soi-disant aux besoins des deux camps, par un effort de paix mise en œuvre pour écarter les Indiens des trois grandes voies de communication transcontinentales : la piste de Santa Fe, la vallée de la Platte et celle de Smoky Hill. Les fameuses '' réserves indiennes '', la solution à ce problème où ils seraient parqués dans la joie et la bonne humeur afin de laisser l'homme blanc s'étaler comme bon lui semble.


Une démonstration de l'efficacité de ce stratagème avec le traité de paix de Medecine, signé par les tribus des Comanches, des Kiowas, des Arapahos et des Cheyennes qui furent suite à cela obligé de s'installer dans la réserve située au sud du Kansas, de même pour les tribus des Oglalas et des Miniconjus qui signèrent le traité le 6 novembre 1868 à  Fort Laramie dans le Wyoming, malgré la réticence des autres Lakotas (Sioux de l'ouest). Comme le précise si bien Missouri, tout ceci n'est qu'un marché de dupes où les Indiens sont trompés puisqu'ont leur fait parapher un document qui n'a aucun sens pour eux étant des illettrés. Une débâcle qui ne pouvait aboutir qu'au début des guerres indiennes, avec Sitting Bull. Un aspect que cette bande dessinée parvient efficacement à retranscrire.


Les dessins de Didier Pagot sont autant intéressants qu'instables avec une approche réelle dans la conception de ses vignettes que les couleurs fades de Zuzanna Zielinska n'aident pas à bonifier. Des traits fins convaincants sur des visages qui malheureusement quelques fois sont impassibles et manquent de vie. Même constat pour les décors qui en premier plan sont réussis, mais qui en fonds d'illustrations environnantes s'embêtent de peu de détails. Ce qui est amusant c'est que les plus belles vignettes on les a lorsque Diane Myers est toute nue, ou encore lors de son plan sexuel à trois. Je ne sais pas si c'est un aspect volontaire ou non, mais ça m'a bien fait rire.



CONCLUSION :



Le Sentier de la Guerre, tome 1 : Fort Buford est une fresque extrêmement intéressante sur les évènements qui ont conduit les Sioux à entrer en guerre malgré le traité de paix proposé, qui n'est rien de plus qu'un aller simple pour les réserves indiennes. En ressort une histoire passionnante pour ce que l'on y apprend, à travers une héroïne appréciable dont on découvre de ses yeux inexpérimentés une part cruelle de l'histoire. Un sujet pertinent bien documenté dont je regrette néanmoins un manque de rythme, ainsi qu'une approche culturelle de surface, où malgré la quasi constante présence des indiens on en apprend très peu de leur culture.


Une lecture qui devrait plaire aux connaisseurs et faire également le plaisir des petits curieux d'histoires, par contre pour celui recherchant un western explosif je ne serai que trop lui conseiller de choisir une autre bande dessinée.




  • Diane Myers, William Cody.

  • C'est vous que les Sioux appellent '' Pahaska (cheveux longs) ''.

  • Les blancs me surnomment '' Buffalo Bill ''. Vous pouvez m'appeler Bill !

  • Accepteriez-vous que je fasse votre portrait, mr Cody ?


B_Jérémy
7
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le 8 avr. 2022

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