Dans un monde ou le poulet et toute forme de volaille est déclarée illégale à cause d'une épidémie mortelle de grippe aviaire survenue quelques années plus tôt, Tony Chu est un flic avec un pouvoir, la cibopathie. Cela signifie que Tony, lorsqu'il croque dans un aliment, crée un lien psychique avec celui-ci, lui permettant de connaître son passé plus ou moins immédiat. Ainsi, en mordant une pomme, il connaît avec précision l'arbre sur laquelle elle a poussé et, quand il goûte un burger, revoit la mort du bœuf qui a fournit le steak.
Accompagné de Mason Savoy, improbable mélange "entre Orson Welles et un grizzli" (cf l'auteur), Tony Chu va, au sein de la RAS (sorte de FBI du poulet), enquêter et surtout manger des tas de trucs dégoutants afin de veiller à ce que le poulet reste loin des assiettes des consommateurs.

Ajoutez à cela des yakuza , une organisation terroriste dont les membres ressemblent à des caricatures de français (?), une fille qui peut faire gouter de la bouffe via des écrits dans le journal, des vampires, des extra-terrestres, du vomi, du sang, et surtout une montagne d'immondices que le personnage principal devra ingérer et vous obtenez une bonne idée générale de ce qu'est ce comic-book


John Layman, le scénariste, maîtrise son univers et sa narration. L'exposition de ce monde barré est très fluide et bien dilué au fil des pages, évitant ainsi le principal écueils des BD à univers barré: l'indigeste montagne d'information brouillonnes qui sont données au lecteur dans les 20 premières pages. Ici, le lecteur en sait juste assez pour comprendre et pour être légèrement intrigué, sans que la narration en souffre. Les premier chapitre est exemplaire en ça, l'action et la présentation se fondent l'un dans l'autre et le tout passe tout seul.
Le reste du tome est scindé en chapitres qui ont une construction similaire à une saison de série TV où chaque chapitre constitue un épisode semi-indépendant et où le background s'étoffe petit à petit, avec un ligne directrice qui émerge au fur et à mesure.
Les personnages, quoique hauts en couleurs, possèdent de véritables personnalités propres. Les personnages secondaires sont d'ailleurs assez poussés, ce qui est très agréable.

Le dessin de Rob Guillory est juste entre du cartoon et du réaliste, juste assez en tout cas pour ne faire de fausses notes ni dans les scènes sérieuses ni dans celles comiques (les différents gimmicks des yeux sont excellents)
Les scènes comiques et les scènes sous tension sont très bien cadrées, cependant les scènes de baston pure ne sont décidément pas extrêmement efficaces. Heureusement, elles sont peux nombreuses et pas primordiales.

Tony Chu, détective cannibale est un bon premier tome très prometteur et j'espère que ces qualités se confirmeront par la suite, quoique la fin du tome (dont je n'ai pas parlé pour ne pas spoiler) tende légèrement vers le nanardesque (le chapitre 4, pour ceux qui l'ont lu). De toute façon j'attends la suite avec impatience.
Eodred
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le 2 janv. 2011

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Eodred

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